Lettre Pastorale de S. E. le Métropolite Joseph : télécharger ici.
Le Saint et Grand Dimanche de Pâques, nous célébrons la vivifiante Résurrection de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus Christ. Cette fête, nous l’appelons « Pâque », ce qui en hébreux signifie « Passage ». La fête juive de Pâque célèbre l’Exode du peuple d’Israël hors d’Égypte. Elle dure plusieurs jours et comporte deux célébrations bibliques importantes : le sacrifice d’un agneau sans défauts et la fête des azymes où pendant une semaine l’on mange un pain sans levain, selon la prescription que Dieu fit au peuple d’Israël par l’intermédiaire de Moïse (Exode 12, 1-28). C’est pour célébrer la Pâque juive que notre Seigneur Jésus est monté à Jérusalem xoù il vécut Sa passion. Le jour de la Pâque juive où le Seigneur délivra d’Égypte et des mains de Pharaon le peuple d’Israël, après lui avoir fait traverser la mer Rouge, était donc la préfiguration de ce grand jour de Pâques où le Seigneur délivra l’humanité de la mort, l’arracha des geôles de l’Hadès et de l’emprise du Pharaon spirituel. De même que le sacrifice de l’agneau pascal était une préfiguration du Sacrifice parfait de Notre Seigneur, commémoré chaque dimanche lors de la Divine Liturgie. Le dimanche, premier jour de la semaine, est celui où Dieu fit sortir le monde du non-être au commencement ; il est aussi le « huitième jour » de la semaine, celui de la Nouvelle Création, renouvelée par la Résurrection du Christ, où Il fit monter vers le ciel le genre humain tout entier pour le rétablir dans sa première dignité, celle de l’incorruptible condition.
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Lecture des Actes des Apôtres (I, 1-8)
Mon premier livre, Théophile, je l’ai consacré à tout ce que Jésus s’est mis à faire et à enseigner jusqu’au jour où, après avoir donné ses ordres aux apôtres qu’il avait choisis, il fut enlevé au ciel par le Saint Esprit. Après sa passion, il leur apparut vivant, et leur en donna plusieurs preuves, se montrant à eux pendant quarante jours, et parlant des choses qui concernent le royaume de Dieu. Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur recommanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre ce que le Père avait promis, « ce que je vous ai annoncé, leur dit-il ; car Jean a baptisé d’eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint Esprit. » Alors les apôtres réunis lui demandèrent : « Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël ? » Il leur répondit : « Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous recevrez une puissance, le Saint Esprit descendant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »
Lecture de l’Évangile selon saint Jean (I, 1-17)
Au commencement est le Verbe, et le Verbe est vers Dieu, et le Verbe est Dieu. Il est au commencement vers Dieu. Tout par lui est advenu, et sans lui rien de ce qui est n’est advenu. En lui est la Vie et la Vie est la Lumière des hommes. Et la Lumière se manifeste dans la ténèbre ; et la ténèbre ne l’a pas saisie. Advint un être humain, envoyé d’auprès de Dieu ; son nom : Jean. Celui-ci vint pour le témoignage, pour témoigner au sujet de la Lumière, afin que tous croient par lui. Il n’était pas lui-même la Lumière, mais il avait à témoigner au sujet de la Lumière. Le Verbe est la Lumière véritable, qui illumine tout être humain, venant dans le monde. Il est dans le monde, et le monde par lui est advenu, et le monde ne le connaît pas. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, Il leur a donné la liberté de devenir enfants de Dieu, à eux qui croient en son Nom, qui ont été engendrés, non du sang ou d’un vouloir de chair, ou d’un vouloir d’homme, mais de Dieu. Et le Verbe est devenu chair et Il a dressé sa tente parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire de Fils unique engendré du Père, comblé de grâce et de vérité. Jean témoigne à son sujet et s’écrie en disant : « C’est Lui dont j’ai dit : Il s’avance devant moi, Il est advenu avant moi, car Il a la primauté sur moi ! » Car de sa plénitude, tous nous avons reçu, et grâce pour grâce. C’est que la Loi a été donnée par l’intermédiaire de Moïse ; la grâce et la vérité sont advenues par l’intermédiaire de Jésus Christ.
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Commentaire de saint Syméon le Nouveau Théologien :
La formule sacrée que nous avons chaque jour à la bouche n’est pas : « Ayant cru en la Résurrection du Christ… » mais « Ayant vu la Résurrection du Christ, adorons le Saint Seigneur Jésus, qui seul est sans péché. » Comment donc l’Esprit Saint nous pousse-t-il à dire actuellement : « Ayant vu la Résurrection du Christ… » comme si nous l’avions vue, alors que le Christ est ressuscité une fois pour toutes, il y a mille ans, et même alors, sans que personne ne Le voie ressusciter ? Serait-ce que l’Écriture Sainte veut nous faire mentir ? Loin de là ! Au contraire, elle nous exhorte à attester la vérité, à savoir que la résurrection du Christ se déroule en chacun de nous qui croit, et non pas une seule fois, mais lorsque, à chaque heure, pour ainsi dire, le Maître en personne, le Christ, ressuscite en nous, tout de blanc vêtu et rayonnant des éclairs de l’incorruptibilité et de la Divinité. Car la venue de l’Esprit qui apporte la lumière, nous fait entrevoir, comme à l’aube naissante, la résurrection du Maître, ou plutôt, nous fait la faveur de Le voir Lui-même, Lui le Ressuscité. C’est pourquoi nous disons : « Le Seigneur est Dieu, et Il nous est apparu » (Ps 117, 27), et par allusion à Son second avènement, nous ajoutons ces mots : « Béni est celui qui vient au Nom du Seigneur » (Ps 117, 26). Ceux donc à qui est apparu le Christ ressuscité, c’est bien spirituellement, pour leurs yeux spirituels, qu’Il se montre et se fait voir. Lorsqu’en effet cela se produit en nous par l’Esprit, Il nous ressuscite et nous donne la vie, et nous accorde de Le voir, Lui qui est immortel et impérissable. Plus que cela, Il fait la grâce de Le connaître clairement, Lui qui avec nous ressuscite (Ephés. 2, 6) et nous glorifie (Rom. 8, 17), comme l’atteste toute la divine Écriture.
– Saint Syméon le Nouveau Théologien, Catéchèses, tome II, catéchèse XIII, SC 104, p. 197-201.
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Homélie de saint Jean Chrysostome :
Que tout homme pieux et ami de Dieu jouisse de cette belle et lumineuse solennité !
Que tout serviteur fidèle entre joyeux dans la joie de son Seigneur !
Que celui qui s’est donné la peine de jeûner reçoive maintenant le denier qui lui revient !
Que celui qui a travaillé dès la première heure (cf. Matth. 20, 1-16) reçoive à présent son juste salaire !
Si quelqu’un est venu après la troisième heure, qu’il célèbre cette fête dans l’action de grâces !
Si quelqu’un a tardé jusqu’à la sixième heure, qu’il n’ait aucune hésitation, car il ne perdra rien !
S’il en est un qui a différé jusqu’à la neuvième heure, qu’il approche sans hésiter !
S’il en est un qui a traîné jusqu’à la onzième heure, qu’il n’ait pas honte de sa tiédeur.
Car le Maître est généreux, il reçoit le dernier aussi bien que le premier.
Il admet au repos celui de la onzième heure comme l’ouvrier de la première heure.
Du dernier il a pitié et il prend soin du premier ; à celui-ci il donne, à l’autre il fait grâce.
Il agrée les œuvres et reçoit avec tendresse la bonne volonté. Il honore l’action et loue le bon propos.
Ainsi donc, entrez tous dans la joie de votre Seigneur
et, les premiers comme les seconds, vous recevrez la récompense.
Riches et pauvres, mêlez-vous, abstinents et paresseux, pour célébrer ce jour.
Que vous ayez jeûné ou non, réjouissez-vous aujourd’hui.
La table est préparée, goûtez-en tous ;
le veau gras est servi, que nul ne s’en retourne à jeun.
Goûtez tous au banquet de la foi, au trésor de la bonté.
Que nul ne déplore sa pauvreté, car le Royaume est apparu pour tous.
Que nul ne se lamente sur ses fautes, car le pardon a jailli du tombeau.
Que nul ne craigne la mort, car celle du Sauveur nous en a délivrés :
Il l’a fait disparaître après l’avoir subie.
Il a dépouillé l’Hadès, celui qui à l’Hadès est descendu.
Il l’a rempli d’amertume pour avoir goûté de sa chair !
Et cela, Isaïe l’avait prédit : « l’Hadès fut irrité lorsque sous terre il T’a rencontré » ;
Irrité, parce que détruit !
Irrité, parce que tourné en ridicule !
Irrité, parce qu’enchaîné !
Irrité, parce que réduit à la mort !
Irrité, parce qu’anéanti !
L’Hadès avait pris un corps et s’est trouvé devant un Dieu.
Ayant pris de la terre, il rencontra le Ciel.
Ayant pris ce qu’il voyait, il est tombé à cause de ce qu’il ne voyait pas.
Ô Mort, où est ton aiguillon ?
O Hadès, où est ta victoire ?
Le Christ est ressuscité, et toi-même es terrassé.
Le Christ est ressuscité, et les démons sont tombés.
Le Christ est ressuscité, et les Anges sont dans la joie.
Le Christ est ressuscité, et voici que règne la vie.
Le Christ est ressuscité, et il n’est plus de mort au tombeau.
Car le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis.
À lui gloire et puissance dans les siècles des siècles. Amen.
– Saint Jean Chrysostome, Homélie pour le saint et grand jour de Pâques.
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L'icône
L'icône de la Résurrection montre la victoire du Christ sur la mort. Cette icône ne montre pas le tombeau vide, mais la descente du Christ dans l'Hadès.
Alors que son corps était enseveli, l’âme du Seigneur Jésus Christ descendit dans l’Hadès, pour libérer les âmes qui y étaient piégées. Comme la lumière dissipe les ténèbres, la descente de Source de toute vie dans le séjour des morts a renversé la mort.
Jésus-Christ se tient victorieux au centre de l'icône, avec la Croix. Vêtu d'un blanc céleste, il est entouré d'une mandorle représentant la gloire de Dieu. Le Christ est représenté en mouvement, tirant Adam et Ève du tombeau. Sur certaines icônes, le Seigneur tient les mains d'Adam seulement, tandis qu'Ève est dans une attitude d'humble supplication : Adam et Ève dépendent entièrement de l'action du Christ et ne peuvent rien faire par eux-mêmes, sinon se confier à Lui. C'est en effet le Christ qui les tire hors de l'Hadès, et non leurs propres efforts : c'est pourquoi le Seigneur les tient par le poignet et non par la main.
Autour du Christ victorieux se trouvent Jean-Baptiste et les Justes de l'Ancien Testament.
Sous les pieds du Seigneur – qui portent les marques de sa crucifixion – se trouvaient les portes de l'Hadès grandes ouvertes. Ces portes sont souvent représentées en forme de croix. L'Hadès est le lieu où résidaient ceux qui sont décédés avant la crucifixion du Christ, d'où ils attendaient la venue du Sauveur. Dans le monde souterrain et sombre figurant l'Hadès se trouvent éparpillés des chaînes et des cadenas brisés ; et tout en bas se trouve Hadès personnifié, prostré et lié. Hadès n’est pas détruit – il est toujours là – mais son pouvoir de lier les gens a disparu. Il n’y a ni chaînes, ni portes verrouillées. Si seulement nous levons la main en signe de supplication et d’aspirant à Jésus-Christ, il est là pour nous sortir du tombeau.