Péricopes de la fête
Lecture de l’épître de saint Paul aux Hébreux (Hb. 7,7-17) :
Frères, sans aucun doute, c’est l’inférieur qui est béni par le supérieur. De plus, dans le cas des Lévites, ceux qui perçoivent les dîmes sont des hommes mortels, tandis qu’au témoignage de l’Écriture Melchisédech semble vivre toujours. Enfin Lévi lui-même, lui qui perçoit la dîme, se trouve pour ainsi dire l’avoir payée en la personne d’Abraham, car déjà il était en genre dans les reins de son aïeul, lorsqu’à sa rencontre se porta Melchisédech. Si donc la perfection était réalisée par le sacerdoce lévitique, sur lequel repose la Loi donnée au peuple, quel besoin y avait-il encore que se présentât un autre prêtre, « selon l’ordre de Melchisédech », et non plus choisi selon l’ordre d’Aaron ? Car nécessairement, si l’on change le sacerdoce, on doit aussi changer la Loi. De fait, celui à qui s’appliquent ces paroles appartenait à une autre tribu, où personne ne fut jamais affecté au service de l’autel. Et il est notoire que notre Seigneur est issu de la tribu de Juda, sur le sacerdoce de laquelle Moïse n’a rien dit. Cela devient encore plus évident si cet autre prêtre, qui apparaît à la ressemblance de Melchisédech, ne l’est pas devenu selon une loi qui regarde la chair, mais selon le pouvoir d’une vie sans fin. C’est, en effet, le témoignage que Dieu lui rend : « Tu es prêtre à jamais, selon l’ordre de Melchisédech. »
Lecture de l’Évangile selon saint Luc (Lc 2,22-40.)
En ce temps-là, Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes. Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur. Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. » Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui. Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. » Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage, demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.
D’après la loi de Moïse (Lv 12, 2-8), la mère d’un enfant mâle devait, quarante jours après la naissance, présenter l’enfant devant le tabernacle et offrir en holocauste, comme purification « de son flux de sang », soit un agneau soit une paire de colombes ou de pigeons. La présentation d’un enfant premier-né avait aussi le sens d’un rachat, car tout premier-né, aussi bien animal qu’humain, était considéré comme appartenant à Dieu (Nb 18, 14-18). Marie et Joseph obéirent à ce précepte de la loi. Ils apportèrent au Temple Jésus qui fut béni par le vieillard Siméon et reconnu comme sauveur par la prophétesse Anne. C’est cet événement que nous célébrons dans la fête du 2 février. […]
Chaque âme devrait être un Temple de Dieu, où Marie apporte Jésus. Et chacun de nous, comme Siméon, devrait prendre l’enfant dans ses bras et dire au Père : « Mes yeux ont vu ton salut. »
La prière de Siméon, « laisse ton serviteur s’en aller en paix », ne signifie pas seulement que celui qui a vu Jésus et l’a tenu dans ses bras peut maintenant quitter cette vie, mourir en paix. Elle signifie encore pour nous que, ayant vu et touché le Sauveur, nous sommes délivrés de la servitude du péché et nous pouvons nous éloigner en paix du royaume du mal.
Père Lev Gillet, L’An de grâce du Seigneur.
Synaxaire du hiéromoine Macaire
Lorsque les quarante jours prescrits par la Loi de Moïse pour la purification de la mère d’un nouveau-né furent accomplis (cf. Lv XII, 2-4), la Toute Sainte Mère de Dieu et saint Joseph amenèrent l’Enfant Jésus à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, car tout garçon premier-né, appartenant de droit au Seigneur (Ex XIII, 15), devait Lui être consacré au Temple et être, en quelque sorte, échangé contre l’offrande en sacrifice d’un agneau d’un an ou, pour les familles pauvres, d’un couple de tourterelles et de deux colombes (Lv XII, 8). Le Seigneur du ciel et de la terre, et le Législateur de son peuple Israël, Lui qui n’est pas venu pour abolir la Loi mais pour l’accomplir (Mt V, 17), ayant pris sur Lui notre nature mortelle depuis la désobéissance, la restaure dès sa venue au monde en se faisant obéissant à tous les préceptes de la Loi. Source de toutes les richesses et de toutes les grâces, Il se fait le plus humble et le plus pauvre d’entre nous. Il se soumet à la Loi qu’Il nous a donnée et que, nous hommes, n’avons cessé de transgresser, nous montrant ainsi que l’obéissance est la voie de la réconciliation avec Dieu. Bien que ni Lui ni sa Mère immaculée n’eussent besoin de purification, après avoir soumis sa chair à la circoncision le huitième jour, Il attendit encore à Bethléem l’écoulement de la durée légale afin de présenter dans le Temple de Sa gloire ce corps qu’Il a assumé pour devenir le nouveau Temple parfait de Sa divinité. Lui, le Dieu inaccessible et incompréhensible accepte d’être échangé contre l’offrande des pauvres : les colombes et les tourterelles, symboles de la pureté, de la paix et de l’innocence que le Sauveur Ami des hommes est venu nous apporter.
Parvenus dans le Temple, ils furent accueillis, dit-on, par le grand prêtre Zacharie, le père de saint Jean le Précurseur, qui plaça de manière inattendue la Mère de Dieu dans l’emplacement réservé aux vierges. À ce moment-là arriva dans le Temple un homme du nom de Syméon. Juste et pieux observateur de tous les commandements de Dieu, il avait attendu depuis de longues années la réalisation de la prophétie que l’Esprit Saint lui avait inspirée : c’est-à-dire qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Christ Seigneur. Ce vieillard, qui figurait l’attente d’Israël, tendit alors ses bras, les mains couvertes des plis de son manteau, pour recevoir le Sauveur comme sur un trône de chérubins. Il bénit Dieu et dit : « Maintenant, ô Maître Souverain, Tu peux laisser Ton serviteur s’en aller en paix selon ta parole, car mes yeux ont vu Ton salut » (Lc II, 9). L’Alliance d’Israël, devenue caduque à l’apparition du Christ, et la Loi obscure demandaient par lui à se retirer devant la lumière de la grâce. Ce vieillard, voyant et touchant le Sauveur qui avait été annoncé et préparé par les Justes et les Prophètes depuis tant de siècles, pouvait demander à Dieu en toute confiance d’être désormais délivré des liens de la chair et de la corruption pour laisser la place à la jeunesse éternelle de l’Église. Il annonçait ainsi solennellement l’abolissement des figures et prononçait l’ultime prophétie concernant le Sauveur, en prédisant à sa Mère que sa Passion et sa vivifiante Résurrection seraient un signe de contradiction, et qu’elles amèneraient la chute des impies et le relèvement de ceux qui croiront en Lui.
Une femme nommée Anne, de la tribu d’Aser, — qui était fort avancée en âge et était connue de tous ceux qui fréquentaient le Temple : car, restée veuve après sept ans de mariage, elle y servait Dieu continuellement en attendant la venue du Messie dans le jeûne et la prière — s’avança alors elle aussi vers l’Enfant et se mit à louer Dieu, annonçant à tous la délivrance d’Israël.
En entendant de telles révélations et furieux de voir Marie placée parmi les vierges par le grand prêtre, les pharisiens présents dans le Temple allèrent rapporter les faits au roi Hérode. Celui-ci comprit que cet enfant devait être le nouveau roi dont lui avaient parlé les Mages qui avaient suivi l’étoile depuis l’Orient, et il envoya aussitôt des soldats pour Le tuer. Mais prévenus à temps, Joseph et Marie s’enfuirent alors de la cité et allèrent se réfugier en Égypte, guidés par un ange de Dieu. Ce n’est que deux ans plus tard, rapporte la tradition, qu’ils retournèrent à Nazareth en Galilée. Et l’Enfant-Dieu grandit alors paisiblement, en attendant le moment propice pour commencer son ministère public.
Cette fête de la sainte Rencontre du Seigneur, appelée aussi Purification de la Mère de Dieu (ou Chandeleur) en Occident, était connue dès le IVe siècle à Jérusalem — où elle était célébrée le 14 février afin de coïncider avec le quarantième jour depuis la Nativité qui était alors célébrée le 6 janvier. Elle a été introduite à Constantinople par l’empereur Justinien, en 542, et a été alors rangée parmi les fêtes du Seigneur.