5e dimanche après Pentecôte
et des saints Pères des six premiers Conciles
et des saints Pères des six premiers Conciles
Lecture de l’Épître de saint Paul aux Romains (du jour : Rom. 10, 1-10)
Frères, le voeu de mon coeur et la prière que j’adresse à Dieu pour les enfants d’Israël, c’est qu’ils parviennent au Salut. Car je leur rends témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu ; mais c’est un zèle que n’éclaire pas la connaissance. Comme ils ignorent que la justification vient de Dieu, ils ont cherché à l’établir par leurs propres moyens, sans vouloir se soumettre à la justice selon Dieu. Car la finalité de la Loi, c’est le Christ, pour la justification de tout croyant. À propos de la justice qui vient de la Loi, Moïse écrit en effet que « par elle vivra l’être humain qui l’accomplit ». Mais la justice née de la Foi s’exprime ainsi : « Ne dis pas dans ton cœur : Qui montera au ciel ? » Ce serait en faire descendre le Christ ; ou bien : « Qui descendra dans l’abîme ? » Ce serait faire remonter le Christ de chez les morts. Que dit-elle donc ? « La parole est tout près de toi, sur tes lèvres et dans ton cœur ». Cette parole, c’est le message de la foi que nous proclamons. Si donc tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. En effet, celui qui croit du fond du cœur devient juste, et celui dont les lèvres confessent la Foi parvient au Salut.
Lecture de l’Épître de saint Paul aux Hébreux (les Saints Pères : Hb 13, 7-16)
Frères, souvenez-vous de vos chefs qui vous ont annoncé la parole de Dieu ; considérez quelle a été la fin de leur vie, et imitez leur foi. Jésus Christ est le même hier, aujourd'hui, et éternellement. Ne vous laissez pas entraîner par des doctrines diverses et étrangères ; car il est bon que le cœur soit affermi par la grâce, et non par des aliments qui n'ont servi de rien à ceux qui s'y sont attachés. Nous avons un sacrifice dont ceux qui font le service au tabernacle n'ont pas le pouvoir de manger. Les corps des animaux, dont le sang est porté dans le sanctuaire par le grand prêtre pour l'expiation des péchés, sont brûlés hors du camp. C'est pour cela que Jésus aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Sortons donc pour aller à lui, hors du camp, en portant son opprobre. Car nous n'avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir. Par lui, offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c'est-a-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom. Et n'oubliez pas de faire du bien et de partager, car c'est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir.
Lecture de l’Évangile selon saint Matthieu (du jour : Matth. 8, 28-9,1)
Comme Jésus était arrivé de l'autre côté de la mer, au pays des Gadaréniens, deux démoniaques, sortant des sépulcres, vinrent au-devant de lui. Ils étaient si furieux que personne n'osait passer par là. Et voici, ils s'écrièrent : « Qu'y a-t-il entre nous et toi, Fils de Dieu ? Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps ? » Il y avait loin d'eux un grand troupeau de porcs en train de paître. Les démons priaient Jésus, disant : « Si tu nous chasses, envoie-nous dans ce troupeau de porcs. » Il leur dit : « Allez ! » Ils sortirent, et entrèrent dans les porcs. Et voici, tout le troupeau se précipita des pentes escarpées dans la mer, et ils périrent dans les eaux. Ceux qui les faisaient paître s'enfuirent, et allèrent dans la ville raconter tout ce qui s'était passé et ce qui était arrivé aux démoniaques. Alors toute la ville sortit à la rencontre de Jésus ; et, dès qu'ils le virent, ils le supplièrent de quitter leur territoire.
Lecture de l’Évangile selon saint Jean (du jour : Jean 17, 1-13)
Après avoir ainsi parlé, Jésus leva les yeux au ciel, et dit : « Père, l'heure est venue ! Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie, selon que tu lui as donné pouvoir sur toute chair, afin qu'il accorde la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. Je t'ai glorifié sur la terre, j'ai achevé l'œuvre que tu m'as donnée à faire. Et maintenant toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde fût. J'ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m'as donnés du milieu du monde. Ils étaient à toi, et tu me les as donnés ; et ils ont gardé ta parole. Maintenant ils ont connu que tout ce que tu m'as donné vient de toi. Car je leur ai donné les paroles que tu m'as données ; et ils les ont reçues, et ils ont vraiment connu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m'as envoyé. C'est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m'as donnés, parce qu'ils sont à toi ; - et tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi ; -et je suis glorifié en eux. Je ne suis plus dans le monde, et ils sont dans le monde, et je vais à toi. Père saint, garde en ton nom ceux que tu m'as donnés, afin qu'ils soient un comme nous. Lorsque j'étais avec eux dans le monde, je les gardais en ton nom. J'ai gardé ceux que tu m'as donnés, et aucun d'eux ne s'est perdu, sinon le fils de perdition, en sorte que l'Écriture fût accomplie. Et maintenant je vais à toi, et je dis ces choses dans le monde, afin qu'ils aient en eux ma joie parfaite. »
Si les démons n'ont même pas autorité sur des porcs, à bien plus forte raison n’ont-ils pas autorité contre l'homme fait à l'image de Dieu.
- Saint Athanase, Vie d’Antoine, §29, SC 400, p. 217-219.
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Que le moine prenne courage contre les démons qui suggèrent la lâcheté, car vous n’avez pas reçu un esprit d’esclavage pour retomber dans la crainte (cf. Rm 8,15). Qu’il ne se recroqueville donc pas devant l’esprit de lâcheté, et qu’il ne craigne pas les vacarmes nocturnes des démons, vu qu’ils n’ont pas même autorité sur des porcs. Le soir, quand il sort de sa cellule, qu’il ne soit pas terrorisé jusqu’à fuir et sursauter en l’air comme si les démons étaient soi-disant à ses trousses, mais qu’il plie les genoux et prie au lieu même où il est saisi de lâcheté, car ils ne t’agresseront pas même s’ils te terrorisent. Quand tu te relèves, raffermis ton cœur et réconforte-le en psalmodiant : « Tu ne craindras pas les frayeurs de la nuit, ni la flèche qui vole de jour, ni ce qui s’avance dans les ténèbres, ni l’assaut du démon de midi. » (Psaume 90, 5-6) Ayant fait ainsi une fois, plusieurs fois, tu chasseras plus vite loin de toi le démon de la lâcheté.
Evagre, Traité à Euloge, §23, « Courage dans le combat ».
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« Nous voudrions voir Jésus », disaient quelques Grecs à l’apôtre Philippe. Et c’est là encore la prière que j’adresse au Saint-Esprit. Seigneur Esprit Saint, fais-moi voir Jésus !
Ce sont les purs de coeur qui verront Dieu. […] Coeur pur : coeur sans mélange, comme on dit d’un vin qu’il est pur. Coeur non-partagé, non-divisé. Intégrité préservée – ou recouvrée. L’impureté, au sens sexuel, n’est qu’une des formes de la désintégration. « Mon enfant, donne-moi ton coeur », disait la Sagesse dans l’Ancien Testament. Seul un coeur « donné » peut saisir Jésus. Mais donné sans retour. Entier, sans faille. L’un opposé au multiple. « Je m’appelle légion », répondait le possédé auquel Jésus demandait son nom.
Lev Gillet, Jésus, simples regards sur le Sauveur, Seuil, 1996.
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Jésus demande au possédé : « Quel est ton nom ? »
Il y a là plus qu’une simple question ; une thérapeutique est déjà incluse dans ces paroles. Car Jésus veut ramener le possédé, qui a parlé comme s’il ne faisait qu’un avec le démon, à la conscience de sa propre identité ; il veut lui rendre le sens de sa personnalité et de son indépendance. Chaque fois qu’un pécheur s’est enfoncé dans l’habitude jusqu’à sembler être dirigé par les puissances mauvaises, Jésus veut qu’avant toute autre chose le pécheur se dissocie de ces puissances et se souvienne de son nom propre, le nom que Dieu lui a donné : « Je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi… » (Isaïe 43, 1). […]
De même, si nous nous laissons aller au péché, nous devenons "légion" ; nos instincts, nos images mentales, tous nos éléments psychiques acquièrent une indépendance chaotique ; la volonté affaiblie par chaque chute n’est plus en état de les ressaisir et de les coordonner ; notre personnalité entière se dissocie, se désintègre. Dieu seul peut rassembler et réparer ces fragments brisés. « Rassemble mon cœur… », comme nous le lui demandons dans le Psaume 86 (v. 11).
Lev Gillet, L’an de grâce du Seigneur : Un commentaire de l’année liturgique byzantine, Cerf, 1988.