Entrée de Notre Seigneur à Jérusalem
Synaxaire de ce dimanche
Ce dimanche des Rameaux, nous célébrons la fête brillante et glorieuse de l’entrée à Jérusalem de notre Seigneur Jésus Christ. Pour accueillir l’entrée du Christ, les enfants jetèrent sous ses pas leurs vêtements, ainsi que des branches de palmier qu'ils avaient coupées ; d'autres, tenant les branches en main, criaient en Lui faisant cortège : « Hosanna au Fils de David ; béni soit le Roi d'Israël qui vient au Nom du seigneur ! » C'est l'Esprit Saint qui les inspirait. Par les rameaux, ils symbolisèrent la victoire du Christ sur la mort ; car c'était la coutume d’honorer les vainqueurs des luttes aussi bien que des guerres, avec des rameaux d'arbres à feuilles persistantes et de les accompagner ainsi dans les processions de triomphe.
A propos de cette fête, le Prophète Zacharie a dit dans l’Ancien Testament : « Sois transportée d'allégresse, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici, ton Roi vient à toi ; Il est le Juste et le Sauveur, Il est humble et monté sur un âne, sur un ânon, le petit d'une ânesse » (Zach. 9, 9). Et David, dans ses Psaumes, dit à propos des enfants : « Dans la bouche des tout-petits et des nourrissons, tu as mis une louange » (Psaume 8, 3). Pendant ce temps, les grands prêtres avaient en vue de de le faire mourir.
Péricopes de ce dimanche
Lecture de l’épître de saint Paul aux Philippiens (4, 4-9)
Frères, réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps ; je vous le répète, réjouissez-vous ! Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. N’entretenez aucun souci, mais en toute circonstance exposez vos requêtes à Dieu, recourant à la prière et à l’oraison, dans l’action de grâces. Alors la paix de Dieu, qui surpasse tout esprit, prendra sous sa garde vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. En conclusion, mes Frères, tout ce qu’il y a de vrai et de noble, tout ce qu’il y a de juste et de pur, tout ce qui est digne d’être aimé et d’être honoré, tout ce qui s’appelle vertu et mérite des éloges, voilà ce dont il faut vous préoccuper. Ce que vous avez appris et reçu, ce que vous avez vu et entendu de moi, mettez-le en pratique. Alors le Dieu de la paix sera avec vous !
Lecture de l'Évangile selon saint Jean (Jean 12, 1-18)
En ce temps-là, six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie où habitait Lazare, que Jésus avait réveillé d’entre les morts. Là, on lui prépara un repas. Marthe faisait le service, et Lazare était un de ceux qui étaient attablés avec Jésus. Alors, Marie, prenant une livre de parfum très pur et d’un grand prix, oignit les pieds de Jésus et lui essuya les pieds avec ses cheveux, et la maison s’emplit du parfum de la myrrhe. Mais Judas l’Iscariote, un de ses disciples, qui allait le livrer, dit : « Pourquoi n’a-t-on pas vendu cette myrrhe trois cents deniers pour les donner aux pauvres ? » Il dit cela, non parce qu’il se souciait des pauvres, mais parce qu’il était un voleur et que, comme il tenait la bourse commune, il détournait ce qu’on y mettait. Jésus dit alors : « Laisse-la ; elle a gardé cela pour le jour de mon ensevelissement, car, les pauvres, vous les avez toujours avec vous, mais, moi, vous ne m’avez pas pour toujours. » Une foule nombreuse de Judéens sut qu’Il était là et vint, non seulement à cause de Jésus, mais pour voir Lazare qu’Il avait réveillé d’entre les morts. Les grands prêtres décidèrent alors de tuer aussi Lazare, car, à cause de lui, beaucoup de Judéens s’en allaient et croyaient en Jésus. Le lendemain, la foule nombreuse qui était venue pour la fête, entendant que Jésus venait à Jérusalem, prit les rameaux des palmiers et sortit à sa rencontre, et elle criait : « Hosanna ! Béni, celui qui vient au Nom du Seigneur, le roi d’Israël ! » Trouvant un petit âne, Jésus s’assit dessus, comme il est écrit : « Ne crains pas, fille de Sion, voici que vient ton roi, assis sur le poulain d’une ânesse. » D’abord, ses disciples ne le comprirent pas ; mais, une fois Jésus glorifié, alors ils se rappelèrent que, ce qui avait été écrit de lui, c’est cela même qu’ils avaient fait pour lui. La foule rendait témoignage, elle qui était avec lui quand il avait appelé Lazare hors du tombeau et l’avait réveillé d’entre les morts. C’est pourquoi la foule vint à sa rencontre, parce qu’elle avait entendu qu’Il avait fait ce signe.
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Tropaire
Pour affermir avant ta Passion la croyance en la commune résurrection, d'entre les morts tu as ressuscité Lazare, ô Christ notre Dieu ; comme les enfants, de ce temps, nous portons les symboles de victoire et te chantons comme au vainqueur de la mort : Hosanna au plus haut des cieux, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.
L'icône de la fête
La fin du Carême et le début de la Semaine Sainte sont annoncés par le dimanche des Rameaux, qui commémore l'entrée triomphale du Christ à Jérusalem sur le dos d'un âne ( cf. Matthieu 21 : 1-11 ).
À gauche se trouve le Mont des Oliviers et à droite la ville de Jérusalem, souvent représentée avec le Temple en forme de dôme. Au centre, le Seigneur Jésus, assis sur un âne se dirigeant vers Jérusalem, tenant dans sa main gauche un rouleau (symbolisant la sagesse) et bénissant de sa main droite.
Derrière le Christ, suivent ses disciples, souvent précédés par les Apôtres Pierre et Jean. Les douze apôtres sont souvent représentés en pleine conversation, avec des expressions mêlant émerveillement et appréhension. Dans certaines icônes, le Christ se retourne vers les Apôtres, comme pour les exhorter à continuer, malgré leur incompréhension et leurs craintes.
Des portes de Jérusalem sortent les Hébreux qui s'étaient rassemblés pour célébrer la Pâque. Ils crient : Hosanna au Fils de David ! Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut ! » (Matthieu 21 : 9). Des enfants cassent des branches des palmiers et les déposent devant l'âne du Christ, tandis que d'autres déposent leurs vêtements devant lui. Ce sont les enfants, dans leur simplicité, qui louent vraiment le Seigneur, tandis que les adultes semblent s'interroger. (Sur certaines icônes, les enfants portent une tunique blanche sous leurs habits, symbolisant leur pureté.)
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Paroles des Pères
Commentaire du Père Alexandre Schmemann :
L’entrée solennelle dans la sainte cité fut, dans la vie de Jésus, son seul triomphe visible : jusque-là, il avait volontairement repoussé toute tentative d’être glorifié, et ce n’est que six jours avant la Pâque que non seulement il accepta volontiers, mais provoqua même l’événement. En accomplissant à la lettre ce qu’avait dit le prophète Zacharie : « Voici ton roi qui vient, assis sur un ânon… » (Zac. 9, 9), il a montré clairement qu’Il voulait être reconnu et acclamé comme Messie, Roi et Sauveur d’Israël. (…)
Mais quel en est le sens pour nous, aujourd’hui ? Nous proclamons tout d’abord que le Christ est notre Roi et notre Seigneur. Trop souvent nous oublions que le Royaume de Dieu a été inauguré, qu’au jour de notre baptême nous en avons été faits citoyens, et que nous avons promis de placer notre fidélité à ce Royaume au-dessus de toute autre. (…) A partir de cette heure, le Royaume est révélé au monde et sa présence juge et transforme l’histoire humaine. Et lorsque au moment le plus solennel de la célébration liturgique, nous recevons une palme de la main du prêtre, nous renouvelons notre serment à notre Roi et nous confessons que son Royaume est l’unique but de notre vie, la seule chose qui lui donne son sens. (…)
Pourtant, nous le savons, le Roi que les Juifs acclament aujourd’hui, et nous avec eux, s’achemine vers le Golgotha, vers la croix et vers le tombeau. Nous savons que ce court triomphe n’est que le prologue de son sacrifice. Les palmes dans nos mains signifient, dès lors, notre empressement à le suivre sur le chemin du sacrifice, notre acceptation du sacrifice et notre renoncement à nous-mêmes, dans lequel nous reconnaissons l’unique voie royale qui mène au Royaume.
Et finalement, ces palmes, cette célébration, proclament notre foi en la victoire finale du Christ. Son Royaume est encore caché et le monde l’ignore. Il vit comme si l’événement décisif n’avait jamais eu lieu, comme si Dieu n’était pas mort sur la croix et comme si, en lui, l’homme n’était pas ressuscité d’entre les morts. Mais nous, chrétiens, nous croyons en la venue de ce Royaume où Dieu sera tout en tous, et où le Christ apparaîtra comme seul Roi. Les célébrations liturgiques nous rappellent des événements passés ; mais tout le sens et toute la vertu de la liturgie consistent précisément à transformer le souvenir en réalité. En ce dimanche des Palmes, la réalité dont il s’agit, c’est notre propre implication dans le Royaume de Dieu, c’est notre responsabilité à son égard. (…) Ce qu’il attend de nous, c’est un réel accueil du Royaume qu’Il nous a apporté… Et si nous ne sommes pas prêts à être totalement fidèles au serment que nous renouvelons chaque année, le dimanche des Palmes, si vraiment nous ne sommes pas décidés à faire du Royaume la charte de toute notre vie, alors vaine est notre célébration, vaines et sans signification sont les palmes que nous rapportons de l’église chez nous.
- Alexandre Schmemann, Le Mystère Pascal, commentaires liturgiques.
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Commentaire de saint Grégoire Palamas :
Le simple peuple, voyant tous les miracles du Christ, crut en lui, non seulement en ayant envers lui une foi silencieuse, mais aussi en proclamant sa divinité en actions et en paroles. Car, après avoir réveillé Lazare d’un sommeil de quatre jours, Jésus prit un âne que ses disciples lui avaient amené, selon la narration de l’évangéliste Matthieu, le monta et entra ainsi à Jérusalem selon la prophétie de Zacharie : « Ne crains pas, fille de Sion, voici ton Roi qui vient à toi, le Juste, le Sauveur ; il est humble et monté sur un âne, le petit d’une ânesse » (Zach. 9,9). Par ces paroles le prophète montre que le Roi ainsi prédit était ce Roi qui seul est appelé à juste titre « Roi de Sion ». Car il veut dire : ton Roi ne doit pas inspirer la crainte par son aspect, il ne doit être ni sévère ni cruel, il n’a pas de gardes du corps ni d’escorte, il n’entraîne pas derrière lui une foule de fantassins ni de cavaliers. Il n’agit pas avec rapacité, n’exige pas des impôts ni des taxes, ni des services ou des fonctions non moins viles que nuisibles. Mais ses attributs sont l’humilité, la pauvreté, la modestie. Il fait son entrée sur un âne, sans déployer aucune escorte humaine. C’est pourquoi lui seul est le Roi juste qui sauve dans l’équité, et qui est doux en même temps, car la douceur est ce qui le caractérise.
Aussi le Seigneur a-t-il dit de lui-même : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » (Mt. 11,29).
Lui donc, qui avait ressuscité Lazare, ce Roi trônant sur un âne, fait ainsi son entrée dans Jérusalem. Et toute la foule, presque tous les enfants, les hommes, les vieillards, étendant leurs vêtements et prenant des branches de palmier, qui sont l’insigne de la victoire, sont venus au-devant de lui comme vers l’auteur de la vie et le vainqueur de la mort, devant qui ils se prosternaient, et qu’ils escortaient non seulement au-dehors mais au-dedans des remparts de la ville, chantant d’une seule voix : « Hosanna au Fils de David ! Hosanna au plus haut des cieux » (Mt 21,9) ! Cet hosanna est un hymne adressé à Dieu. Il se traduit : « Sauve-nous, Seigneur ! » Ce qu’on ajoute : « au plus haut des cieux », montre qu’il n’est pas célébré seulement sur terre ni seulement par les hommes, mais dans les cieux et par les chœurs des anges.
- Saint Grégoire Palamas, Homélies, 15 ; PG 151, 184-195.
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Commentaire de Père Lev Gillet :
Dès le premier jour de la semaine-sainte, nous devons « recevoir » Jésus-Christ et accepter comme souveraine sa volonté sur nous. Cet accueil fait au Christ qui vient à nous est le sens du Dimanche des Rameaux. […] Essayons maintenant de recueillir quelques-uns des enseignements de ce dimanche.
« Voici que ton Roi vient à toi… »
Jésus vient aujourd’hui à nous comme notre roi. Il est plus que le Maître instruisant ses disciples. Il réclame de nous que nous acceptions en toutes choses sa volonté et que nous renoncions à nos désirs propres. Il vient à nous pour prendre solennellement possession de notre âme, pour être intronisé dans notre cœur.
« à toi… »
C’est non seulement vers l’humanité en général que Jésus vient. Il vient vers chacun de nous en particulier.
« ton Roi… »
Jésus veut être mon roi. Il est le roi de chacun de nous dans un sens unique, entièrement personnel et exceptionnel. Il demande une adhésion, une obéissance intérieures et intimes. Ce roi est « humble ». Il vient à nous sur un pauvre animal, symbole d’humilité et de douceur. Un jour il reviendra dans sa gloire pour juger le monde. Mais aujourd’hui il écarte tout appareil de majesté ou de puissance. Il ne demande aucun royaume visible. Il ne veut régner que sur nos cœurs : « Mon fils, donne-moi ton cœur. » […]
« Les gens, en très grande foule étendirent leurs manteaux sur le chemin… »
Jetons aux pieds de Jésus nos vêtements, nos possessions, notre sécurité, nos biens extérieurs, et aussi nos fausses apparences et par-dessus tout nos idées, nos désirs, nos sentiments. Que le roi triomphant foule à ses pieds tout ce qui est à nous. Que tout ce qui nous est précieux lui soit soumis et offert.
La foule criait : « Hosanna, Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. »
Si je suis capable de prononcer cette phrase en toute sincérité et en toute soumission, si elle exprime un élan de tout mon être vers le Roi que désormais j’accepte, je me suis, à cette seconde même, détourné de mes péchés et j’ ai reçu en moi Jésus Christ. Qu’il soit donc bienvenu et béni, celui qui vient à moi.
- Père Lev Gillet, L’an de grâce du Seigneur.