Dimanche 13 octobre
Dimanche des Pères du VIIe concile oecuménique
Dimanche des Pères du VIIe concile oecuménique
Synaxaire
Ce dimanche, nous faisons mémoire des Pères du Septième Concile Œcuménique. Ce Concile s’est réuni, à l’initiative de l’impératrice régente Irène, en 787 à Nicée, où s’était déjà tenu le Premier Concile en 325 (c’est pourquoi le 7e Concile œcuménique est aussi appelé Concile de Nicée II). Sous la présidence du Patriarche de Constantinople saint Taraise, il rassembla 350 évêques orthodoxes, auxquels se joignirent ensuite dix-sept autres hiérarques, qui abjurèrent l’hérésie iconoclaste. Aux côtés des représentants du Pape de Rome et des Patriarches d’Antioche et de Jérusalem, un grand nombre de moines, au nombre de 136, étaient aussi présents au Concile. Cette présence des moines est importante car les empereurs iconoclastes Léon III l’Isaurien (717-741) et Constantin V Copronyme (741-775) n’avaient pas seulement été hostiles envers les saintes Images mais aussi envers le monachisme qu’ils avaient persécuté.
Ce 7e Concile Œcuménique mit ainsi fin à la première période de l’iconoclasme. Mais l’iconoclasme a malheureusement repris vigueur quelques années plus tard, sous Léon V l’Arménien (813-820). Ce n’est qu’en 843, grâce à l’impératrice Théodora et au Patriarche Saint Méthode, que l’iconoclasme fut vaincu, évènement que nous célébrons lors du Dimanche du Triomphe de l’Orthodoxie, le premier dimanche du Grand Carême.
Les Saints Pères réfutèrent, lors du Concile de Nicée II, le prétendu « concile » iconoclaste réuni à Hiéreia sur l’initiative de l’empereur Constantin V (754) et proclamèrent la mémoire éternelle des saints défenseurs de l’Orthodoxie : le Patriarche Germain (715-730), Saint Jean Damascène, Georges de Chypre et tous ceux qui s’étaient offerts à l’exil et à la torture pour la défense des Saintes Icônes.
Ce n’était pas seulement le culte des Saintes Images que les Pères défendaient ainsi, mais au fond la réalité même de l’Incarnation du Fils de Dieu : « Je représente Dieu l’invisible, dit Saint Jean Damascène, non pas en tant qu’invisible, mais dans la mesure où il est devenu visible pour nous par la participation à la chair et au sang. Je ne vénère pas la matière, mais je vénère le Créateur de la matière qui pour moi est devenu matière, qui a assumé la vie dans la matière et qui, par la matière (c’est à dire son corps mort et ressuscité) a réalisé mon salut » (Premier Discours sur les saintes Images).
Tite, mon enfant, notre doctrine est digne de foi, et sur ce point je veux que tu insistes, afin que ceux qui croient en Dieu s’appliquent à être les premiers dans les œuvres de bien. Car cela est bon et utile aux hommes. Evite au contraire les folles questions, généalogies, disputes et polémiques au sujet de la Loi, car elles sont vaines et sans utilité. Celui qui fomente la division, avertis-le jusqu’à deux fois, puis romps avec lui, sachant qu’un tel individu s’est égaré et qu’il se condamne lui-même en continuant à pécher. Lorsque je t’aurai envoyé Artémas ou Tychique, hâte-toi de me rejoindre à Nicopolis. C’est là que j’ai décidé de passer l’hiver. Prends toutes dispositions pour le voyage du juriste Zénas et d’Apollos, afin qu’ils ne manquent de rien. Les nôtres aussi doivent apprendre à exceller dans la pratique du bien, pour faire face à de pressantes nécessités et pour ne pas rester sans produire de fruits. Tu as le salut de tous ceux qui sont avec moi. Salue ceux qui, dans la foi, sont nos amis. La grâce de Dieu soit avec vous tous. Amen.
En ce temps-là, Jésus dit la parabole suivante. « Un homme sortit pour semer du grain. Tandis qu’il répandait la semence dans son champ, une partie des grains tomba le long du chemin : on marcha dessus et les oiseaux les mangèrent. Une autre partie tomba sur un sol pierreux : dès que les plantes poussèrent, elles se desséchèrent parce qu’elles manquaient d’humidité. Une autre partie tomba parmi des plantes épineuses qui poussèrent en même temps que les bonnes plantes et les étouffèrent. Mais une autre partie tomba dans la bonne terre ; les plantes poussèrent et produisirent des épis : chacun portait cent grains. » Et Jésus ajouta : « Écoutez bien, si vous avez des oreilles pour entendre ! » Les disciples de Jésus lui demandaient ce que signifiait cette parabole. Jésus leur répondit : « Vous avez reçu, vous, la connaissance des secrets du Royaume de Dieu ; mais aux autres gens, ils sont présentés sous forme de paraboles afin qu’ils puissent regarder, mais sans voir ; qu’ils puissent entendre, mais sans comprendre. Voici ce que signifie cette parabole. La semence, c’est la Parole de Dieu. Certaines personnes sont semblables au bord du chemin où tombe le grain : elles entendent, mais le diable arrive et arrache la Parole de leur cœur pour les empêcher de croire et d’être sauvés. D’autres ressemblent à un sol pierreux : ils entendent la Parole et la reçoivent avec joie. Mais ils ne la laissent pas s’enraciner, ils ne croient qu’un instant et ils abandonnent la foi au moment où survient l’épreuve. La semence qui tombe parmi les plantes épineuses représente ceux qui entendent; mais ils se laissent étouffer en chemin par les soucis, la richesse et les plaisirs de la vie, et ils ne donnent pas de fruits mûrs. La semence qui tombe dans la bonne terre représente ceux qui écoutent la Parole et la gardent dans un cœur bon et bien disposé, qui demeurent fidèles et portent ainsi des fruits. »
Commentaire de saint Nicolas Cabasilas sur la parabole du semeur :
S’il est vrai que Dieu nous donne gratuitement toutes les choses saintes, et que nous, nous ne lui apportions rien, mais que ce sont absolument des grâces de sa part, cependant il exige nécessairement de nous que nous devenions aptes à les recevoir et à les garder ; et il ne ferait point participer à la sanctification ceux qui ne seraient pas disposés de la sorte. C’est ainsi qu’il admet au Baptême et à la Chrismation, c’est ainsi qu’il reçoit au divin banquet et qu’il fait participer à l’auguste table de l’Eucharistie.
Ce divin procédé à notre égard, le Christ l’a exposé dans la parabole du semeur : Celui qui sème dit-il, est sorti, non pour labourer la terre, mais pour semer : montrant par-là que le labeur et tout le travail de préparation doit avoir été préalablement accompli.
Ainsi donc, puisque, pour obtenir les effets des Divins Mystères, il était nécessaire de s’en approcher en bon état et dûment préparés, il fallait aussi que cette préparation se trouvât dans l’arrangement du rite sacré, et elle s’y trouve en effet. Voilà bien en vérité ce que peuvent réaliser en nous les prières, les psalmodies, ainsi que tous les gestes sacrés et les formules que renferme la liturgie. Cela nous purifie et nous dispose soit à bien recevoir, soit à bien conserver la sanctification et à en rester possesseurs.
– Saint Nicolas Cabasilas, Explication de la Divine Liturgie.
***
Commentaire de Clément d'Alexandrie sur la parabole du Semeur, d'après laquelle la philosophie grecque a une origine divine, comme les plantes sauvages profitent aussi de la pluie pour pousser parfois aussi bien que celles qui sont cultivées.
Il est donc évident que les études préparatoires des Grecs nous viennent de Dieu avec la philosophie elle-même, non pas comme but principal, mais comme les eaux de la pluie qui tombent indistinctement sur la bonne terre, sur le fumier et sur le toit des maisons. L'herbe et le froment poussent de la même manière ; le figuier croit même sur les tombes ; et s'il est quelque arbre encore plus hardi, il s'élève aussi. Et ces productions du hasard ont quelquefois plus d'apparence que les véritables, car elles participent également aux bienfait de la pluie ; mais elles n'ont pas le même privilège que les productions nées dans le sol fertile, puisqu'elles sèchent et qu'on les arrache. La parabole de la semence, expliquée par notre Seigneur, revient très-bien à notre sujet. Le seul laboureur du champ qui est dans l'homme, c'est celui qui, depuis la création du monde, répand d'en haut les semences nutritives, celui qui, dans tous les temps, a fait pleuvoir sur les hommes le verbe divin. Mais la différence des temps et des sols qui l'ont reçu est la cause des différences qui se trouvent entre les productions sorties du même germe.
- Clément d'Alexandrie, Stromates, I, VII,
***
Commentaire de Léonide Ouspensky sur la théologie de l'icône :
C’est au cours de la période iconoclaste des VIIIe-IXe siècles que l’Église formula clairement la portée dogmatique de l’icône. En défendant les images, ce n’est pas seulement leur rôle didactique, ni leur côté esthétique que défendait l’Église orthodoxe, c’est la base même de la foi chrétienne : le dogme de l’Incarnation de Dieu. En effet, l’icône de notre Seigneur est à la fois un témoignage de son Incarnation et celui de notre confession de sa divinité. « J’ai vu l’image humaine de Dieu et mon âme est sauvée », dit saint Jean Damascène (Premier traité pour la défense des saintes icônes, chapitre 22).
D’une part, l’icône témoigne, en représentant la Personne du verbe incarné, de la réalité et de la plénitude de son Incarnation : d’autre part, nous confessons par cette image sacrée que ce « Fils de l’Homme » est réellement Dieu, la vérité révélée. Ainsi, nous voyons chez saint Pierre qui, le premier, confessa la divinité du Christ, non pas une connaissance humaine naturelle, mais une connaissance d’ordre supérieur, suivant la parole de notre Seigneur : Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux (Ma. 16,17). (…)
La tradition dans l’art liturgique, comme dans l’Église elle-même, se base sur deux réalités : un fait historique d’une part, et la révélation dépassant les limites du temps d’autre part. C’est ainsi que l’image d’une fête ou d’un saint reproduit le plus fidèlement possible la réalité historique et nous ramène à son prototype, sans quoi elle n’est pas une icône. (…) D’un autre côté, une image sacrée ne représente pas simplement un événement historique ou un être humain parmi les autres ; elle nous montre de cet événement ou de cet être humain son visage éternel, nous révèle son sens dogmatique et son rang dans l’enchaînement des événements salutaires de l’économie divine. (…)
Mais si l’icône dépasse les limites du temps, elle ne rompt pas ses relations avec le monde, ne s’enferme pas en elle-même. Les saints sont toujours représentés de face ou de trois quarts vers le spectateur. Ils ne sont presque jamais vus de profil, même dans les compositions compliquées, où leur mouvement est dirigé vers le centre de la composition. Le profil, en effet, interrompt en quelque sorte la communion, il est comme un début d’absence. On le tolère dans la représentation de personnages qui n’ont pas acquis la sainteté, comme par exemple les bergers ou les mages dans l’icône de la Nativité de notre Seigneur.
Cette absence de profil est une des expressions de la relation intime entre celui qui prie et le saint représenté. (…)
Si aujourd’hui nous avons cessé de comprendre le message que nous apporte l’icône, c’est que nous avons perdu la clef de son langage. Cette clef est le sens concret et vivant de la Transfiguration, idée centrale de l’enseignement chrétien. Ainsi que disait un évêque russe du XIXe siècle, saint Ignace Braintchaninov, » la connaissance même de la capacité du corps humain à être spirituellement sanctifié est perdue par les hommes » (Essai ascétique, premier volume).
L’icône est précisément le témoignage de cette connaissance concrète, vécue de la sanctification du corps humain, de sa transfiguration. De même que la parole, mais au moyen d’images visibles, elle nous montre la créature pénétrée et déifiée par la grâce incréée. « L’homme, dont l’âme est toute devenue feu, transmet également à son corps une partie de la gloire acquise intérieurement, tout comme le feu matériel transmet son action au fer » (saint Syméon le Nouveau Théologien, sermon 83). (…)
L’icône est donc, comme nous l’avons dit, un témoignage de la déification de l’homme, de la plénitude de la vie spirituelle, une communication par l’image de ce qu’est l’homme en état de prière sanctifiée par la grâce. C’est en quelque sorte de la peinture d’après nature, mais d’après la nature rénovée, à l’aide de symboles. Elle est le chemin et le moyen ; elle est la prière même. De là, la majesté de l’icône, sa simplicité, le calme du mouvement, de là le rythme de ses lignes et de ses couleurs qui découle d’une harmonie intérieure parfaite.
Léonide Ouspensky, Mélanges de l’Institut orthodoxe français de Paris, IV, 1948.