Synaxaire de ce dimanche
Ce deuxième dimanche de Pâques, nous fêtons le Renouveau de la Résurrection et l’attouchement du saint apôtre Thomas des plaies de Notre Seigneur.
Nous commémorons la Résurrection du Seigneur non seulement chaque année, mais également chaque huitième jour. La première de ces commémorations, c'est donc ce dimanche, que l'on peut à juste titre désigner comme le huitième et le premier: le huitième par rapport à la Pâque ; le premier comme principe de tous les autres. Le huitième encore, parce qu'il devient l'image de ce jour sans fin qui dans le siècle à venir sera le premier - et l'unique puisqu'il ne sera pas interrompu par une nuit.
Lorsque le Christ apparut à ses Disciples, le soir du jour où il est ressuscité, il manquait Thomas. Et celui-ci ne crut pas les disciples. Huit jours après, les portes étant closes, et Thomas étant présent cette fois, le Seigneur apparut à ses disciples et, après leur avoir souhaité la paix, il dit à Thomas: « Mets ici ton doigt et vois mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté, et ne sois plus incrédule, mais croyant.» Thomas s'écria : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Et le Christ lui dit : « Parce que tu as vu, tu as cru ; bienheureux ceux qui croiront sans avoir vu ! »
Péricopes de ce dimanche
Lecture des Actes des Apôtres (Ac 5, 12-20)
En ces jours-là, il se faisait par la main des apôtres beaucoup de miracles et de prodiges parmi le peuple, et tous les fidèles se tenaient d’un même cœur sous le portique de Salomon. Personne d’autre n’osait se joindre à eux, mais le peuple faisait leur éloge à haute voix, si bien qu’une multitude d’hommes et de femmes accroissait de plus en plus le nombre de ceux qui croyaient au Seigneur. On allait jusqu’à sortir les infirmes sur les places, en les mettant sur des lits ou sur des brancards, afin qu’au passage de Pierre son ombre tout au moins couvrît l’un d’eux. La foule accourait même des cités voisines de Jérusalem, apportant des infirmes et ceux que tourmentaient les esprits mauvais ; et tous, ils étaient guéris. Alors intervint le grand prêtre, avec tous ceux de son entourage, le parti des Sadducéens. Pleins d’animosité, ils firent arrêter les apôtres et les remirent à la garde de l’État. Mais, pendant la nuit, un ange du Seigneur ouvrit les portes de la prison, les mena dehors et leur dit : « Allez, et, vous tenant dans le Temple, annoncez au peuple toute parole de vie. »
Lecture de l’Évangile selon saint Jean (Jn 20, 19-31)
En ce temps-là, le soir de ce même jour, le premier de la semaine, les portes du lieu où étaient rassemblés les disciples étant fermées par peur des Judéens, Jésus vint et se tint au milieu d’eux et Il leur dit : « Paix à vous ! » Et, ayant dit cela, Il leur montra et ses mains et son côté. A la vue du Seigneur, les disciples se réjouirent. Jésus leur dit alors une nouvelle fois : « Paix à vous ! De même que le Père m’a envoyé, Moi aussi Je vous envoie. » Ayant dit cela, Il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit saint. A qui vous remettrez les péchés, ils seront remis, et à qui vous les retiendrez, ils seront retenus. » L’un des douze, Thomas, appelé le Jumeau, n’était pas avec eux lorsque vint Jésus. Les autres disciples lui dirent donc : « Nous avons vu le Seigneur. » Mais il leur dit : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous et ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, et ne mets pas ma main dans côté, non je ne croirai pas. » Huit jours plus tard, ses disciples étaient de nouveau à l’intérieur et Thomas avec eux. Jésus arriva, portes fermées ; Il fut parmi eux et dit : « Paix à vous ! » Puis Il dit à Thomas : « Porte ton doigt ici et vois mes mains, et porte ta main et mets-la dans mon côté et montre-toi, non plus incroyant, mais croyant. » Thomas lui répondit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui, sans voir, croient ! » Jésus fit devant ses disciples bien d’autres signes qui ne figurent pas dans ce livre. Ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu et que, croyant, vous possédiez la vie en son Nom.
Paroles des Pères
Dieu ne s’est pas contenté d’endurer les plus terribles souffrances et de mourir de Ses blessures. Après Sa résurrection, ayant échappé à la corruption, Il garde Ses blessures apparentes et Il en porte les cicatrices sur Son corps. Avec elles, Il apparaît aux yeux des anges. Il considère Ses plaies comme une parure. Il prend plaisir à montrer combien Il a souffert. Son corps glorifié est désormais libéré de toute sujétion physique : poids et épaisseur, rien ne demeure. Cependant, Il n’a pas rejeté Ses blessures et en a gardé les cicatrices. S’Il l’a voulu, c’est par amour pour l’homme. Car c’est par Ses plaies qu’Il a retrouvé celui qui était perdu. Grâce à ces meurtrissures, Il s’est attaché celui qu’Il aimait. L’art des médecins et la nature arrivent, parfois, à faire disparaître ces traces sur des corps mortels et corruptibles ; comment comprendre qu’un corps immortel puisse porter ces cicatrices ? Il avait, semble-t-il, le désir de souffrir pour nous, non seulement une mais plusieurs fois. Ce n’était pas possible, car Son corps a échappé une fois pour toutes à la corruption. Aussi, pour épargner les bourreaux qui Lui avaient infligé Ses blessures, Il a décidé de conserver visiblement dans Son corps les preuves de son immolation. Il garde toujours sur Lui les marques des blessures infligées une fois pour toutes, lors de Sa crucifixion. Il devient, ainsi, évident pour les générations à venir qu’Il a été crucifié et que Son côté fut percé par amour des esclaves. Il peut désormais présenter Ses plaies inscrites en Sa faiblesse humaine comme un ornement digne d’un roi.
– Saint Nicolas Cabasilas, La vie en Christ.
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La résurrection du Christ n’est pas la simple « réanimation d’un cadavre », où le mort revient à la même vie antérieure et par la suite meurt à nouveau (ce qu’ont été la résurrection de Lazare et d’autres, qui possèdent par ailleurs un sens pré-figuratif et sont ainsi liées à la résurrection du Christ et à la future résurrection générale des morts), mais la résurrection est une transfiguration créatrice d’un corps psychique en un corps spirituel doué de nouvelles facultés et appartenant au siècle futur et, de ce fait seulement visible pour les yeux éclairés par la lumière de la foi. Un corps spirituel, non appesanti par la matérialité et capable de traverser les portes fermées, non pas un autre corps, mais le même qui a été crucifié et cloué sur la croix, comme le Seigneur ressuscité l’a montré à l’apôtre Thomas l’invitant à toucher sur son corps ressuscité « les marques des clous » et la plaie faite avec la lance. Et alors convaincu que celui qui lui apparaît est effectivement le Christ crucifié sur la croix, l’apôtre Thomas s’exclame : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28). […]
Dans les écrits spirituels patristiques, nous trouvons également beaucoup de témoignages qui affirment que dès maintenant la puissance de la résurrection du Christ agit dans les âmes et dans les corps des saints, anticipant en eux la résurrection générale. Ainsi saint Jean Climaque, en parlant de l’acquisition de l’état a-passionnel, l’appelle « résurrection de l’âme avant la résurrection générale ». Saint Macaire d’Égypte nous enseigne que « le royaume de la lumière et l’image céleste, Jésus Christ, illuminent maintenant mystiquement l’âme et règnent dans l’âme des saints ; caché aux yeux des hommes, le Christ n’est vraiment visible qu’aux yeux de l’âme, jusqu’au jour de la résurrection, où le corps lui-même sera enveloppé et glorifié par la lumière du Seigneur, lumière qui est déjà dans l’homme quant à son âme, afin que le corps, lui aussi, règne conjointement avec l’âme, laquelle reçoit dès à présent le royaume du Christ ».
– Mgr Basile Krivochéine, L’œuvre salvatrice du Christ sur la croix et dans la résurrection.
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Quand l’Apôtre Paul dit : « la foi est l’assurance des choses qu’on espère, et la connaissance des réalités qu’on ne voit pas » (Héb. 11,1), il est bien clair que la foi fait connaître ce qui ne peut pas se voir. Les choses qu’on voit, en effet, ne sont pas objets de foi mais de constatation. Pourquoi alors, lorsque Thomas a vu et qu’il a touché, lui a-t-il été dit : « Parce que tu m’as vu, tu as cru » ? Parce qu’il a vu une chose et en a cru une autre ; la divinité ne peut pas être vue par l’homme mortel. Il a vu un être humain et il L’a confessé comme Dieu en disant : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Il a donc cru tout en voyant, puisqu’en regardant un être humain véritable, il a proclamé que celui-ci est Dieu, et cela, il ne pouvait pas le voir.
Ce qui suit nous donne de la joie : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » Par cette phrase, c’est nous qui sommes spécialement désignés, nous qui nous gardons à l’esprit Celui que nous n’avons pas vu dans la chair. – Car celui-là croit véritablement, qui met en pratique par ses actions ce qu’il croit. Au contraire, Paul dit à ceux dont la foi est purement nominale : « Ils font profession de connaître Dieu, mais par leurs actes ils le renient. » Et Jacques : « La foi sans les œuvres est morte. »
– Saint Grégoire le Grand (540-604), Homélie sur l’Évangile de Jean.
Catéchèse pour les enfants : télécharger ici.