Synaxaire de ce dimanche
Ce cinquième dimanche de Pâques, nous célébrons la fête de la Samaritaine. « Corruptible était l’eau que tu cherchais, ô femme, et tu puises l’eau vive où tu blanchis ton âme ! » Cette journée commémore la rencontre du Christ avec la Samaritaine au puits de Jacob. La raison de cette fête à la Mi-Pentecôte, c’est que le Christ en ce jour confesse clairement qu’Il est le Messie, c’est-à-dire celui qui est oint (messa, en hébreux) de l'Esprit Saint.
L'une des villes les plus anciennes de la Terre promise était Sichem (appelée Sychar dans ce passage de l'Evangile) située au pied du mont Gerazim. C'est dans cette ville que Josué (le successeur de Moïse à la tête du peuple d'Israël) a fait son dernier discours avant de mourir. Mais bien avant Josué, ce fut la première ville de Canaan visitée par le patriarche Abraham. La Genèse raconte que le patriarche Jacob acheta un terrain, près de cette ville, où se trouvait un puits. Ce puits, conservé jusqu'à l'époque du Christ, était connu sous le nom de Puits de Jacob. Cette terre, transmise du patriarche Jacob à son fils Joseph, fut le lieu de sépulture du patriarche Joseph. Que le peuple hébreu fut divisé en deux royaumes, après la mort du roi Salomon, le royaume de Juda, au sud, prit Jérusalem comme capitale et celui d'Israël, au nord, prit comme capitale d'abord Sichem, puis Samarie.
Lorsque notre Seigneur Jésus-Christ arriva à midi dans cette ville, également appelée Sychar (Jean 4 : 5), il était fatigué du voyage et de la chaleur. Il s'est assis près de ce puits. Peu de temps après, une Samaritaine vint puiser de l'eau. Après avoir conversé avec le Seigneur, celui-ci lui a révélé des choses secrètes la concernant, et elle crut en lui ; et par elle, de nombreux autres Samaritains crurent aussi.
Qui étaient les Samaritains ? En l'an 721 avant Jésus-Christ, le roi des Assyriens, Salmanasar (Shalmaneser), déporta une grande partie du peuple d'Israël à Babylone et au pays des Mèdes (c'est-à-dire la Perse, aujourd'hui l'Iran). Puis il envoya des membres de diverses nations coloniser la Samarie. La Samarie était à la fois une région et le nom de la capitale des Israélites à ce moment. Ces nouveaux habitants, autrefois idolâtres, furent instruits dans la foi juive et croyaient au Dieu unique, mais en faisant des mélanges avec leurs anciennes croyances. Mais les Samaritains, de leur côté, affirment être les descendants d’Abraham et de Jacob. Ils se disaient fidèles à la Torah (le Pentateuque de Moïse), mais rejetaient les autres livres de la Sainte Écriture ; ils pratiquaient le sabbat et la circoncision. Il furent appelés "Samaritains", car ils vivaient en Samarie. Les Juifs pieux, revenus d'exil, méprisaient les Samaritains, les accusant d'hérésie et les considérant comme des étrangers ; ils évitaient toute relation avec eux, comme l'observa la Samaritaine : « Les Juifs n'ont aucun rapport avec les Samaritains » (Jean 4 : 9).
Selon la tradition de l'Église, après l'Ascension du Seigneur et la descente du Saint-Esprit à la Pentecôte, la Samaritaine fut baptisée par les saints Apôtres et devint une grande prédicatrice et martyre du Christ ; elle s'appelait Photinie, et sa fête est célébrée le 26 février.
Péricopes de ce dimanche
Lecture des Actes des Apôtres (11, 19-16 et 29-30)
Frères, en ces jours-là, les apôtres qui avaient été dispersés par la tourmente survenue à propos d'Étienne allèrent jusqu'en Phénicie, dans l'île de Chypre, et à Antioche, annonçant la parole seulement aux Juifs. Il y eut cependant parmi eux quelques hommes de Chypre et de Cyrène, qui, étant venus à Antioche, s'adressèrent aussi aux Grecs, et leur annoncèrent la bonne nouvelle du Seigneur Jésus. La main du Seigneur était avec eux, et un grand nombre de personnes crurent et se convertirent au Seigneur. Le bruit en parvint aux oreilles des membres de l'Église de Jérusalem, et ils envoyèrent Barnabas jusqu'à Antioche. Lorsqu'il arriva, et qu'il vit la grâce de Dieu, il s'en réjouit, et les exhorta tous à rester d'un cœur ferme attachés au Seigneur ; car c'était un homme droit, plein d'Esprit Saint et de foi. Et une foule nombreuse se joignit au Seigneur. Barnabas se rendit ensuite à Tarse, pour chercher Saul ; et, l'ayant trouvé, il l'amena à Antioche. Pendant toute une année, ils prirent part aux assemblées de l'Église, et ils enseignèrent beaucoup de personnes. Ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens. En ce temps-là, des prophètes descendirent de Jérusalem à Antioche. L'un deux, nommé Agabus, se leva, et annonça par l'Esprit qu'il y aurait une grande famine sur toute la terre. Elle arriva, en effet, alors que Claude était empereur. Les disciples résolurent d'envoyer, chacun selon ses moyens, une aide aux frères qui habitaient la Judée. Ils la firent parvenir aux anciens par l'entremise de Barnabas et de Saul.
Lecture de l'Évangile selon saint Jean (4, 5-42)
En ce temps-là, Jésus arriva dans une ville de Samarie, nommée Sychar, près du champ que Jacob avait donné à Joseph, son fils. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué du voyage, était assis au bord du puits. C'était environ la sixième heure. Une femme de Samarie vint puiser de l'eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire ». Car ses disciples étaient allés à la ville pour acheter des vivres. La femme samaritaine lui dit : « Comment toi, qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi qui suis une femme samaritaine?» Les Juifs, en effet, n'ont pas de relations avec les Samaritains. Jésus lui répondit : « Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire ! tu lui aurais toi-même demandé à boire, et il t'aurait donné de l'eau vive ». « Seigneur, lui dit la femme, tu n'as rien pour puiser, et le puits est profond ; d'où aurais-tu donc cette eau vive ? Es-tu plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses troupeaux ? » Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura jamais soif, et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle ». La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je n'aie plus soif, et que je ne vienne plus puiser ici ». « Va, lui dit Jésus, appelle ton mari, et viens ici ». La femme répondit : « Je n'ai point de mari ». Jésus lui dit : « Tu as eu raison de dire : Je n'ai point de mari. Car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari. En cela tu as dit vrai ». « Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne ; et vous dites, vous, que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem ». « Femme, lui dit Jésus, crois-moi, l'heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l'heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en esprit et en vérité ». La femme lui dit : « Je sais que le Messie doit venir (celui qu'on appelle Christ) ; quand il sera venu, il nous annoncera toutes choses ». Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle ». Là-dessus arrivèrent ses disciples, qui furent étonnés de ce qu'il parlait avec une femme. Toutefois aucun ne dit : « Que demandes-tu ? » ou : « De quoi parles-tu avec elle ? » Alors la femme, ayant laissé sa cruche, s'en alla dans la ville, et dit aux gens : « Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait ; ne serait-ce point le Christ ? » Ils sortirent de la ville, et ils vinrent vers lui. Pendant ce temps, les disciples le pressaient de manger, disant : « Rabbi, mange ». Mais il leur dit : « J'ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas ». Les disciples se disaient donc les uns aux autres : « Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ? » Jésus leur dit : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé, et d'accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas qu'il y a encore quatre mois jusqu'à la moisson ? Voici, je vous le dis, levez les yeux, et regardez les champs qui déjà blanchissent pour la moisson. Celui qui moissonne reçoit un salaire, et amasse des fruits pour la vie éternelle, afin que celui qui sème et celui qui moissonne se réjouissent ensemble. Car en ceci ce qu'on dit est vrai : Autre est celui qui sème, et autre celui qui moissonne. Je vous ai envoyés moissonner ce que vous n'avez pas travaillé ; d'autres ont travaillé, et vous êtes entrés dans leur travail ». Plusieurs Samaritains de cette ville crurent en Jésus à cause de cette déclaration formelle de la femme : « Il m'a dit tout ce que j'ai fait ». Aussi, quand les Samaritains vinrent le trouver, ils le prièrent de rester auprès d'eux. Et il resta là deux jours. Un beaucoup plus grand nombre crurent à cause de sa parole ; et ils disaient à la femme : « Ce n'est plus à cause de ce que tu as dit que nous croyons ; car nous l'avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu'il est vraiment le Sauveur du monde ».
Paroles des Pères
Commentaire de saint Augustin : l'eau matérielle du puits symbolise les plaisirs de cette vie, qui ne peuvent nous satisfaire véritablement et nous laissent assoiffés. L'Eau vive, le don de Dieu, c'est le don du Saint-Esprit, seul capable de combler l'aspiration profonde de l'être humain.
Que signifie : Celui qui boira de cette eau aura encore soif ? La parole est vraie si on la comprend à propos de cette eau matérielle, et elle est encore vraie si on la comprend à propos de ce que symbolise cette eau. L'eau au fond de ce puits symbolise en effet les plaisirs de ce siècle dans la profondeur des ténèbres, la cruche symbolise le désir des hommes qui leur permet d’y puiser. Le désir les courbe et les abaisse pour qu'ils parviennent au plaisir puisé dans ces bas-fonds. (…) Celui qui est parvenu jusqu'aux plaisirs de ce siècle, le boire, le manger, les bains, les spectacles, la volupté, est-ce qu'il n'aura plus soif ? Jésus déclare donc : Celui qui boira de cette eau aura encore soif ; mais s'il reçoit de Moi l'eau que je promets, il n'aura plus jamais soif. Nous serons rassasiés, est-il dit, des biens de Ta maison (Ps.114,5). De quelle eau donnera-t-il donc, sinon de celle dont il est écrit : Près de toi est la source de la vie ?
- Saint Augustin, Homélies sur l’Evangile de saint Jean, XV, 16.
Commentaire de saint Athanase le Grand : adorer le Père dans l'Esprit et la Vérité, c'est confesser la Sainte Trinité.
C’est le Seigneur Jésus-Christ lui-même qui a enseigné par lui-même à la Samaritaine, et par elle nous a enseigné la perfection de la Sainte Trinité, indivise et unique Trinité. La Vérité même l’atteste, comme elle le dit à la Samaritaine : “Crois-moi, femme : l’heure approche et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père dans l’Esprit et la Vérité. Car ce sont de tels adorateurs que le Père demande. Dieu est esprit et ceux qui l’adorent, doivent l’adorer dans l’Esprit et la Vérité.” D’où il apparaît que la Vérité, c’est le Fils lui-même, comme il le déclare Lui-même : “Je suis la Vérité”, et c’est de Lui également que le prophète David également, en appelant au secours, disait : “Envoie ta Lumière et ta Vérité”. Ainsi les vrais adorateurs adorent sans doute le Père, mais dans l’Esprit et la Vérité, confessant le Fils et, en lui, l’Esprit, car l’Esprit est indissociable du Fils comme le Fils est inséparable du Père.
- Saint Athanase le Grand, Letres à Sérapion, première lettre, SC 15, p.143-144.
Commentaire de saint Jean Chrysostome :
« Il était environ la sixième heure du jour. Il vint alors une femme de la Samarie pour tirer de l'eau ; Jésus lui dit : Donnez-moi à boire. Car ses disciples « étaient allés au marché pour acheter à manger » : par où nous voyons sa patience dans les fatigues de ses voyages, le peu de soin qu'il avait de sa nourriture, le peu d'attention qu'il y donnait.
- Saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Jean, homélie XXXI.
Commentaire de saint Jean Chrysostome :
L'Ecriture appelle la grâce du Saint-Esprit tantôt un feu, tantôt une eau; faisant voir que ces noms marquent, non la substance, mais l'opération. (...) C'est pourquoi, dans l'entretien qu'il a avec la Samaritaine, il appelle eau le Saint-Esprit : « Celui », dit-il, « qui boira de l'eau que je lui donnerai, n'aura jamais soif ». L'Ecriture appelle ainsi l'Esprit-Saint un feu, pour montrer la force et l'ardeur de la grâce, et la destruction des péchés ; elle l'appelle une eau, pour marquer qu'elle purifie et rafraîchit l'âme de ceux qui la reçoivent.
- Saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Jean, homélie XXXII.
Commentaire de saint Hilaire de Poitier :
Cette parole s'adressait à la Samaritaine : l'heure de la rédemption de toute l'humanité était venue. L'entretien avait commencé par l'annonce de l'eau vive, la révélation faite à la femme qu'elle avait eu cinq maris, et que celui qu'elle avait n'était pas son époux légitime ; celle-ci réplique : « Seigneur, je vois que tu es un prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne, et vous, vous dites que c'est Jérusalem, le lieu où il faut adorer. » Le Seigneur lui répond : « Femme, crois-moi, l'heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne, ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l'heure approche, et nous y sommes, où les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et en vérité ; ce sont de tels adorateurs que veut le Père. Car Dieu est Esprit, et ceux qui l'adorent doivent l'adorer en Esprit et en Vérité, puisque Dieu est Esprit »(Jn 4, 19-24).
La femme gardait donc dans sa mémoire les traditions héritéesde ses pères. Il fallait adorer Dieu, pensait-elle, ou bien sur la montagne, comme en Samarie, ou bien dans le Temple, comme à Jérusalem. Car Samarie, à l'encontre de ce que demandait la Loi, avait choisi une montagne pour adorer Dieu, tandis que lesJuifs pensaient que le temple construit par Salomon était le cœur de leur religion. Les préjugés de ces deux traditions enfermaient le Dieu en qui sont toutes choses et que rien ne saurait contenir, ou bien sur les hauteurs d'une colline, ou sous les voûtes d'un temple construit de mains d'hommes. Mais Dieu est invisible, incompréhensible et immense ; aussi le Seigneur annonce-t-il que le temps est venu où Dieu ne doit pas être adoré sur une montagne ou dans un temple, car « Dieu est Esprit ».Or l'Esprit ne peut être limité ni enfermé dans un endroit quelconque, car il est partout, par la puissance de sa nature ; présent en tous lieux, il déborde tout par sa plénitude. Les vrais adorateurs sont donc ceux qui l'adorent en Esprit et en Vérité.
Or, chez ceux qui adorent le Dieu Esprit dans l'Esprit, autre est ce qui leur permet de rendre ce devoir, autre est Celui qui reçoit l'hommage : car l'Esprit dans lequel chacune des personnes doit être adorée, est distinct d'elles. En effet, par ces mots : « Dieu est Esprit », le Christ ne supprime pas le nom de l'Esprit-Saint et le don qui nous en est fait. Il répond à la femmequiemprisonne Dieu dans un temple ou sur une montagne, il lui suggère ceci : tout est en Dieu, et Dieu est en lui-même ; le Dieu invisible et incompréhensible doit être adoré dans ce qui est invisible et incompréhensible. Et il exprime ainsi la nature du don et celle de l'honneur rendu à Dieu, puisqu'il nous enseigne que le Dieu Esprit doit être adoré dans l'Esprit. Il nous montre que ceux qui l'adorent ainsi, l'adorent en toute liberté et consciemment, et nous révèle le caractère infini de cette adoration, étant donné que le Dieu Esprit est adoré dans l'Esprit.
- Saint Hilaire de Poitiers, La Trinité, chapitre 31, coll. Les Pères dans la Foi.
Commentaire de saint Augustin : les cinq maris représentent les cinq sens. L'âme de l'enfant est d'abord gouvernée par les cinq sens, et leurs plaisirs, mais en grandissant, elle doit avoir comme époux véritable la raison spirituelle et non la sensibilité.
Nous pouvons plus aisément comprendre, ce me semble, que, sous l’emblème des cinq premiers maris, les cinq sens du corps sont désignés comme les époux de l’âme. Car à sa naissance, et avant d’avoir l’usage de son esprit et de sa raison, chaque homme n’a pour le régir que ses sens corporels. Ce qui tombe sous le sens de l’ouïe, de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher, voilà chez le petit enfant tout l’objet de ses répugnances ou de ses désirs. Ce qui flatte ses sens, il le recherche, il repousse ce qui les blesse; car ce qui les flatte est plaisir,ce qui les blesse est douleur. C’est donc sous l’influence de ces cinq sens comme d’autant de maris que l’âme vit d’abord, parce que c’est par eux qu’elle est régie. Pourquoi leur donne-t-on le nom de maris? Parce qu’ils sont légitimes. C’est Dieu qui les a formés, c’est Dieu qui les a donnés à l’âme. Elle est infirme tant qu’elle demeure sous la loi des sens et qu’elle agit sous l’autorité de ces cinq maris ; mais aussitôt que le temps est venu de délivrer la raison de leur influence, si l’âme se laisse diriger par une règle de conduite supérieure, et par les leçons de la sagesse, alors succèdent à l’empire et à l’influence des sens l’empire et l’influence d’un seul véritable et légitime mari, meilleur que les autres; et ce mari la gouverne mieux, la dirige, la cultive, la prépare dans le sens de l’éternité. Loin de nous imprimer une direction qui aboutisse à l’éternité, les sens ne nous portent que vers les choses du temps, soit pour nous les faire désirer, soit pour nous en inspirer le dégoût. Mais dès que l’entendement pénétré par la sagesse a pris le gouvernement de l’âme, il ne lui apprend plus uniquement à éviter les fossés et à suivre le chemin droit que les yeux indiquent à son âme débile, ou à écouter avec plaisir les sons mélodieux et à fermer les oreilles aux sons discordants, à se complaire aux odeurs agréables et à repousser les odeurs nauséabondes, à aimer le miel et à détester le vinaigre, à toucher avec plaisir ce qui est poli et à éprouver une sensation désagréable au contact des aspérités. Toutes ces connaissances, l’âme infirme en avait besoin. Dans quel sens l’entendement y ajoute-t-il sa direction ? Il vient discerner, non plus le blanc du noir, mais le juste de l’injuste, le bien du mal, l’utile de l’inutile, la chasteté de l’impudicité, l’une pour l’aimer, l’autre pour la fuir; la charité de la haine, la première pour y demeurer, la seconde pour s’en garantir.
- Saint Augustin, Traités sur saint Jean, XV.
L'icône de la Samaritaine
L'icône du dimanche de la Samaritaine représente le Christ parlant avec la Samaritaine et la bénissant, près du puits de Jacob. La Samaritaine est représentée avec sa main droite tendue vers le Christ, indiquant à la fois son intérêt pour ce qu'Il dit, mais aussi comme un signe de sa foi et de ses efforts pour amener les autres à entendre ce que le Christ a à dire. En arrière-plan de l'icône, la ville de Sichem (ou Sychar) est visible avec le mont Gerazim.