Frères, ayant été affranchis du péché, vous êtes devenus serviteurs de la justice. – J’emploie pour vous une comparaison humaine, adaptée à la faiblesse de votre chair. – De même, donc, que vous avez livré vos membres au service de l’impureté et de la licence pour faire le mal, ainsi maintenant mettez vos membres au service de la justice, pour arriver à la sainteté. Car, lorsque vous étiez serviteurs du péché, vous étiez libres à l’égard de la justice. Quels fruits portiez-vous alors ? Des fruits dont vous rougissez aujourd’hui. Car la fin de ces choses, c’est la mort. Mais maintenant, étant affranchis du péché et devenus serviteurs de Dieu, vous avez pour fruit la sainteté et pour fin la vie éternelle. Car le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus Christ notre Seigneur.
En ce temps-là, comme Jésus entrait dans Capharnaüm, un centurion l’aborda, le priant et disant : « Seigneur, mon serviteur est couché à la maison, atteint de paralysie et souffrant beaucoup. » Jésus lui dit : « J’irai, et je le guérirai ». Le centurion répondit : « Seigneur, je ne suis pas digne que Tu entres sous mon toit ; mais dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri. Car, moi qui suis soumis à des supérieurs, j’ai des soldats sous mes ordres ; et je dis à l’un : “Va !” et il va ; à l’autre : “Viens !” et il vient ; et à mon serviteur : “Fais cela !” et il le fait. » Après l’avoir entendu, Jésus fut dans l’étonnement, et il dit à ceux qui le suivaient : « Je vous le dis en vérité, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi. Or, je vous déclare que plusieurs viendront de l’orient et de l’occident, et seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le Royaume des cieux. Mais les fils du Royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. » Puis Jésus dit au centurion : « Va, qu’il te soit fait selon ta foi ». Et à l’heure même le serviteur fut guéri.
Seigneur, mon Dieu, je sais que je ne suis pas digne ni préparé pour que tu entres sous le toit de mon âme, car je suis entièrement vide et délabré et tu n’a pas en moi de place pour reposer ta tête. Mais de même que tu es descendu pour nous des hauteurs du ciel et tu t’es abaissé, descends à présent jusqu’à ma bassesse.
– Saint Jean Chrysostome, extrait des Prières avant la communion, dans l’Office de la Sainte Communion.
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« Et le centurion lui répondit: Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez dans ma maison. » Écoutons ces paroles, nous autres qui devons recevoir Jésus-Christ. Car il ne nous est pas impossible encore aujourd’hui de le recevoir chez nous. Écoutons ce centurion, mes frères, imitons sa foi, et estimons autant que lui la gloire de recevoir Jésus-Christ. Car lorsque vous accueillez chez vous un pauvre qui meurt de froid et de faim, vous accueillez et vous nourrissez Jésus Christ même.
«Mais dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri.» Ces paroles nous font voir que ce centurion avait une haute idée de la toute-puissance du Fils de Dieu. Car il ne dit pas : Priez ou demandez, mais « commandez. » […] Mais vous direz peut-être que nous ne devons pas tirer une preuve de la divinité de Jésus-Christ des paroles de cet homme, mais considérer seulement si Jésus-Christ les a approuvées. […] Le centurion s’est servi d’une expression par laquelle il attribuait à Jésus-Christ plutôt la puissance d’un Dieu que celle d’un homme, et néanmoins non-seulement Jésus-Christ ne l’en reprit pas, mais il l’approuva, et il releva sa foi avec de grandes louanges. Car l’évangéliste ne se contente pas de dire simplement que Jésus-Christ loua le centurion ; mais ce qui est sans comparaison davantage, il dit qu’il « l’admira» : « Jésus entendant ces paroles fut dans l’admiration. » Et il ne fut pas seulement dans l’admiration de la foi de cet homme, mais il la proposa comme un modèle à tout le peuple qui l’environnait. […]
Le centurion ayant dit: « Dites seulement une « parole, et mon serviteur sera guéri, » Jésus-Christ admira sa foi : « Et Il dit à ceux qui le suivaient : « Je vous le dis en vérité, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi. » Il est aisé de montrer la vérité de cette parole de Jésus-Christ en comparant le centurion avec ceux d’entre les Juifs qui ont eu plus de foi en lui. Marthe croyait au Sauveur; et cependant elle ne dit rien qui approche de la foi de ces deux hommes (note : le centurion et le lépreux guéri en Matth. 8,1-4). Au contraire elle lui parle d’une manière bien différente: « Je sais que Dieu vous accordera tout ce que vous lui demanderez. » (Jean, 11, 22.) Aussi Jésus-Christ non-seulement ne la loua pas de cette parole, mais quoiqu’elle fût aimée particulièrement de lui, et qu’elle eût une grande affection et un grand zèle pour lui, il ne laissa pas de la reprendre, comme ayant exprimé des sentiments trop bas et trop indignes de lui. Car il lui répondit aussitôt: « Ne vous ai-je pas dit que si vous croyez, vous verrez la gloire de Dieu? » l’accusant visiblement de n’avoir pas encore une véritable foi. Et pour mieux réfuter cette pensée qu’elle témoignait avoir de lui, en disant: «Je sais que Dieu vous accordera ce que vous lui demanderez », il lui apprend qu’il n’avait pas besoin de rien recevoir d’un autre, et qu’il était lui-même la source de tous les biens: « Je suis, » dit-il, « la Résurrection et la Vie, » c’est-à-dire, je n’attends point cette puissance d’un autre; mais je puis tout par moi-même.
C’est donc pour récompenser cette vive foi du centurion qu’il l’admire, qu’il le loue, qu’il le préfère à tout Israël, qu’il lui donne rang dans le Royaume des cieux, et qu’il porte tout le monde à l’imiter. Et pour vous mieux faire voir que Jésus-Christ ne parlait de la sorte que pour exhorter les autres à la même foi, voyez avec quel soin un autre évangéliste le marque : « Jésus se tournant vers ceux qui le suivaient, leur dit : « Je n’ai pas trouvé une si grande foi dans Israël même. » Ainsi la foi consiste principalement à avoir une haute idée de la grandeur de Jésus Christ. C’est ce qui nous ouvre le Royaume des cieux, et qui nous devient une source de biens infinis.
– Saint Jean Chrysostome, Homélies sur l’Evangile selon saint Matthieu, homélie XXVI.
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Dans l’évangile qui vient d’être lu, nous avons entendu Jésus faire l’éloge de notre foi vécue dans l’humilité. Quand le Seigneur lui eut promis de se rendre chez lui pour y guérir son serviteur, le centurion répondit : Je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri (Mt 8, 8). En faisant l’aveu de son indignité, il s’est rendu digne de la visite du Christ dans son cœur plutôt que dans sa demeure.
Ces paroles, si pleines de foi et d’humilité, le centurion ne les aurait pas prononcées s’il n’avait pas déjà accueilli dans son cœur celui qu’il craignait de laisser entrer dans sa maison. D’ailleurs, aurait-il été tellement heureux d’accueillir le Seigneur dans son habitation, sans l’avoir en même temps dans son cœur ? Celui qui nous a enseigné l’humilité par sa parole et son exemple est allé manger, il est vrai, chez un pharisien orgueilleux appelé Simon. Le Fils de l’homme s’est bien attablé chez lui, mais il n’a trouvé dans son cœur aucune place où reposer la tête (cf. Lc 7,36).
– Saint Augustin, Sermon 62, 1.3-4, PL 38, 414-416.