Dimanche 27 octobre
24 e dimanche après la Penctecôte
24 e dimanche après la Penctecôte
Frères, le Christ est notre paix, lui qui a réuni en un seul peuple les Juifs et les païens et qui a fait tomber ce mur de haine qui les séparait. En sacrifiant sa propre chair, il a mis fin à l’antique Loi, avec tous ses règlements et ses prohibitions. Des deux antagonistes de jadis il a formé en lui-même un peuple unique et une humanité nouvelle, réalisant la paix entre eux et les réconciliant avec Dieu. Les uns et les autres, il les a unis en un seul corps, par cette croix sur laquelle il a mis à mort l’inimitié. Il est donc venu pour annoncer à tous la bonne nouvelle de la paix, à vous qui étiez loin et à ceux qui étaient proches, de sorte que par lui nous avons, les uns et les autres, libre accès auprès du Père en un seul Esprit saint. Aussi n’êtes-vous plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la maison de Dieu. Vous faites partie d’un édifice qui a pour fondations les apôtres et les prophètes, et dont la pierre d’angle est en personne Jésus Christ. En lui, toute la construction s’élève harmonieusement, pour devenir un temple saint dans le Seigneur. En lui, vous aussi, vous entrez, les uns unis aux autres, comme pierres de cette construction qui deviendra, par l’Esprit saint, la demeure de Dieu.
En ce temps-là, voici qu’arriva un homme du nom de Jaïre : il était chef de synagogue. Tombé aux pieds de Jésus, il le suppliait de venir chez lui, parce qu’il avait une fille unique, d’environ douze ans, qui était mourante. Et tandis que Jésus s’y rendait, les foules manquaient de l’étouffer. Or une femme en hémorragie depuis douze ans et qui n’avait pu être soignée par personne, s’approcha par derrière et toucha la frange du manteau de Jésus : à l’instant son hémorragie cessa. Et Jésus demanda : « Qui m’a touché ? » Comme tous s’en défendaient, Pierre et ses compagnons lui dirent : « C’est Toi qui commandes, mais les foules te pressent à t’écraser ! » Jésus reprit : « Quelqu’un m’a touché : J’ai senti une puissance sortir de moi. » Voyant qu’elle ne pourrait rester cachée, la femme vint toute tremblante et, se jetant aux pieds de Jésus, révéla devant tout le peuple pour quelle raison elle l’avait touché et comment elle avait été guérie à l’instant. Jésus lui dit : « Fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix ! » Jésus parlait encore, quand depuis la maison du chef de la synagogue quelqu’un vint dire à celui-ci : « Ta fille est morte, ne dérange plus le Maître ! » Mais Jésus, qui avait entendu, lui répondit : « Rassure-toi ; crois seulement, et elle sera sauvée ! » Arrivé à la maison, Jésus ne laissa personne entrer avec lui, sauf Pierre, Jean et Jacques, ainsi que le père et la mère de la petite fille. Tous pleuraient et se lamentaient sur elle, mais Jésus leur dit : « Ne pleurez pas ; elle n’est pas morte, mais elle dort ! » Et les gens riaient de lui, sachant bien qu’elle était morte. Mais Jésus lui prit souverainement la main et lui dit à haute voix : « Petite enfant, réveille-toi ! » Le souffle lui revint et, à l’instant même, elle ressuscita. Et Jésus ordonna de lui donner à manger. Ceux qui l’avaient engendrée étaient hors d’eux-mêmes, mais Jésus leur recommanda de ne dire à personne ce qui était arrivé.
Paroles concernant la guérison de l’hémorroïsse :
– Comment s’aperçoit-on que l’âme commence à être purifiée ?
– On s’en aperçoit vite. Le prêtre Hésychius utilise une belle image : lorsque les nourritures vénéneuses qui ont pénétré dans l’estomac et qui causent troubles et douleurs sont chassées par l’absorption d’un remède, l’estomac ressent repos et soulagement ; il en est de même pour la vie spirituelle. Lorsque l’homme accueille de mauvaises pensées et qu’il ressent leur amertume et leur gravité, « il les vomit facilement et les rejette complètement » par la prière de Jésus, et il ressent donc bien la purification. Celui qui prie ressent également la purification à ceci : aussitôt cessent de saigner les blessures intérieures causées par les passions. Dans l’évangile selon saint Luc, nous lisons, au sujet de la femme hémorroïsse : « S’approchant de lui par-derrière, elle toucha la frange de son manteau, et aussitôt le flux de sang s’arrêta » (8,44). Quand on s’approche du Christ, de Jésus, aussitôt on est guéri « et le flux de sang s’arrête », c’est-à-dire que le sang des passions cesse de couler. Je veux dire que nous ne sommes plus scandalisés par les images, les circonstances, les visages qui, auparavant, nous scandalisaient. Ceci signifie que lorsque certaines personnes et affaires nous troublent, il est manifeste que nous sommes blessés par les attaques du Diable. C’est en nous que se trouve le scandale. Après la purification et à l’aide de la prière, nous voyons tous et toutes comme des créatures de Dieu. En particulier nous voyons les visages comme des images du Dieu débordant d’amour.
– Mgr Hiérothée (Vlachos) de Nafpaktos, Entretiens avec un ermite de la sainte Montagne sur la prière du cœur.
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Je me tiens devant les portes de ton sanctuaire et les pensées qui me combattent ne me quittent pas. Mais ô Christ, notre Dieu, toi qui as justifié le publicain, qui as pris en pitié la chananéenne et qui as ouvert au larron les portes du paradis, ouvre-moi les entrailles de ton amour des hommes et tandis que je m’approche de toi et que je te touche, accueille-moi comme la pécheresse et l’hémorroïsse ; l’une, ayant touché le bord de ton vêtement, reçut immédiatement la guérison, et l’autre, ayant saisi tes pieds sacrés, obtint la rémission de ses péchés. Et moi, misérable, j’ose recevoir ton Corps tout entier ! Ne me consume pas mais accueille-moi comme ces deux femmes, illumine les sens de mon âme et brûle la souillure de mes péchés, par les prières de celle qui t’a enfanté sans semence et des Puissances célestes, car tu es béni dans les siècles des siècles. Amen.
– Prière de saint Jean Damascène, extraite de l’Office de la Sainte Communion.
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Paroles concernant la guérison de la fille de Jaïre :
Les exhortations du Seigneur au courage sont nombreuses dans les textes évangéliques. « Sois sans crainte », (Mc 5, 36) dit-Il au chef de la synagogue, à Jaïre, lorsque des gens lui annoncent que sa fille est morte. « Sois sans crainte, crois seulement et elle sera sauvée » (Lc 8, 50). (Par conséquent, la foi est reconnue comme un acte de courage, et le courage est déclaré, semblablement à la foi, comme étant un mystère.)
– Nicolae Steinhardt, Paroles de Foi, « Le courage », p. 135.
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Celui qui croit en l’Evangile sera sauvé (Jean 6,29). La mesure de la foi de l’homme est la mesure de sa puissance et de sa force ; c’est bien pour cela que le Seigneur a souvent dit à certaines personnes : Qu’il te soit fait selon ta foi ! (Matth. 8,13) Ta foi t’a guéri (Matth. 9,2 ; Marc 5,34 ; Luc 8,41-50 ; Luc 17,19). Qu’il vous soit fait selon votre foi ! (Matth. 9,29) Ta foi t’a sauvé (Marc 10,52). Parfois la foi de l’homme, par sa puissance infinie, unit la volonté de celui qui croit avec la volonté du Sauveur, et c’est pour cela qu’il dit à la Cananéenne : Femme, ta foi est grande, qu’il te soit fait comme tu veux ! (Matth. 15,28 ; Marc 7,24-30) A Jaïre l’affligé, dont la foi dans la puissance du Seigneur était ébranlée à la nouvelle que sa fille venait de mourir, le bienheureux Jésus dit pour le consoler : Crois seulement, et elle vivra (Luc 8,50). A ses disciples, épouvantés sur la mer par la tempête, le Sauveur, après avoir apaisé la mer, dit en les blâmant : Pourquoi craignez-vous, hommes de peu de foi ! (Matth. 8,27 ; Luc 8,25) A Pierre qui, sur l’ordre du Sauveur, marche sur la mer, mais qui doute et commence à s’enfoncer, le Sauveur dit : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? (Matth. 14,31) La foi en le Dieu-Homme emplit l’homme d’une force divino-humaine intrépide ; l’incrédulité transforme l’homme en un lâche et un méfiant. Avoir peur lorsque l’on est en danger est un signe de manque de foi, et l’excès de peur est un signe d’incrédulité. Hautement significatives de ce point de vue sont ces paroles que le Sauveur adressa à ses disciples sur la mer : Pourquoi avez-vous ainsi peur ? Comment n’avez-vous point de foi ? (Marc 4,40)
– Saint Justin Popovitch (XXe), Philosophie orthodoxe de la vérité, volume 3, p.343-344.