Le Carême de la Nativité est une période de préparation spirituelle et corporelle d'une durée de 40 jours (comme le jeûne du prophète Moïse avant la réception des Dix Paroles), commençant le 15 novembre et s'achevant le soir du 24 décembre.
L'objectif n'est pas la privation pour elle-même, mais la purification du cœur et du corps pour accueillir dignement l'Incarnation de Dieu – Jésus-Christ venant dans le monde.
Le Carême de Noël est une sorte de pèlerinage : il peut être comparé à l'attente du Messie pendant des siècles par le peuple de Dieu, mais aussi au voyage des Mages vers Bethléem en suivant l'étoile (un ange, selon saint Jean Chrysostome).
Nous nous préparons à recevoir le Christ, afin qu'il naisse aussi dans notre cœur.
Le sens spirituel repose sur trois piliers, comme les trois pieds d'un tabouret :
Le Jeûne : Il ne s'agit pas d'un simple régime. En maîtrisant nos désirs corporels (la nourriture, les envies), nous entraînons notre volonté à se libérer des passions et à se tourner vers Dieu. C'est un acte de discipline pour renforcer l'esprit sur la chair et élever spirituellement nos désirs.
La Prière : Le jeûne sans la prière est incomplet. Durant cette période, l'Église nous encourage à intensifier notre vie de prière : lire les Psaumes, pratiquer la "Prière de Jésus", lire la Bible qui raconte l'attente de la venue du Messie. La Parole de Dieu nourrit l'âme tandis que le corps jeûne.
L'aumône et la charité : Le jeûne devrait nous rendre plus sensibles à la faim et au besoin des autres. Traditionnellement, l'argent économisé en simplifiant la nourriture est donné aux pauvres. La charité est l'acte concret qui montre que nous reconnaissons le Christ dans notre prochain. Offrir des cadeaux est aussi un moyen de prendre conscience que notre existence elle-même est un don du Père, et que nous recevons tous à Noël le don du Sauveur lui-même.
Le Carême de Noël est moins strict que le Grand Carême de Pâques. Ces règles peuvent légèrement varier selon les juridictions (grecque, russe, roumaine…).
La règle de base est l'abstinence de viande, d'œufs et de produits laitiers (les jours de jeûne "strict" sont végétaliens, sans huile d'olive).
Voici comment se structurent typiquement les 40 jours :
Lundi, mercredi, vendredi : Ce sont les jours de jeûne les plus stricts. Traditionnellement, on s'abstient de tout produit animal, mais aussi d'huile d'olive (certains se privent de tout type d'huile, mais c'est difficile) et de vin. Pratiquement, il s'agit le plus souvent de repas de légumes bouillis. C'est le "jeûne strict". (Certains jeûnent complètement jusqu'à la neuvième heure, c'est-à-dire 15h, ces jours-là.)
Mardi et jeudi : Ces jours-là, il y a "dispense" (permission) d'huile et de vin. Le jeûne est végétalien, mais la nourriture peut être préparée avec de l'huile d'olive et accompagnée de vin.
Samedi et dimanche : Le week-end, le jeûne est considérablement allégé (sauf la première et la dernière semaine du carême). Il y a dispense (permission) de poisson, d'huile et de vin. C'est la différence majeure avec le Grand Carême.
Le poisson est autorisé le samedi et le dimanche du Carême de la Nativité, sauf en principe la première et la dernière semaine.
En outre, pendant le Carême, les jours de certaines fêtes, il est permis de manger du poisson, quel que soit le jour de la semaine où elles sont célébrées. Ces règles peuvent varier selon les juridictions et l'importance qu'accorde tel pays à tel saint (mais toutes les juridictions accordent la permission de manger du poisson le jour de fêtes importantes comme l'Entrée au Temple de la Mère de Dieu ou la fête de saint Nicolas). Voici les dates où il est permis de manger du poisson cette année pendant le Carême :
16 novembre (selon le calendrier de la Métropole, malgré que ce ne soit pas sur le calendrier du Patriarcat et que soit le premier dimanche de l'Avent) : saint Apôtre Matthieu ;
21 novembre : La fête de l'Entrée de la Mère de Dieu au Temple (il y a toujours une dispense de poisson) ;
25 novembre : sainte Catherine d'Alexandrie, la Grande Martyre ;
30 novembre : Saint André, le premier Apôtre appelé par le Christ et, selon la tradition roumaine, l'évangélisateur de la Roumanie ;
2 décembre : Saints Païssios et Cléopas de Sihastrie (c'est aussi la fête de notre saint patron : saint Porphyre le Kavsokalyvite) ;
4 décembre : Sainte Barbara ;
6 décembre : Saint Nicolas de Myre ;
9 décembre : La conception de la Mère de Dieu par sainte Anne ;
18 décembre : Saint Daniel l'Ermite.
Le 24 décembre est normalement le jour de jeûne le plus strict de toute la période. La tradition est de pratiquer un jeûne total (ni nourriture, ni eau pour les plus zélés) jusqu'au soir. (Auparavant, les catéchumènes jeûnaient ce jour-là pour se préparer au baptême le 25 décembre.)
Ce jeûne total peut être rompu avec un repas simple et carémique à partir de la neuvième heure, c'est-à-dire 15h (dans certains pays orthodoxes : des pains plats sans levain ni huile, ou du blé bouilli avec du miel et des fruits ; bref, des plats carémiques), - sauf on si participe à la célébration de la Divine Liturgie ce soir-là : dans ce cas, il convient de jeûner jusqu'à la communion.
Voici quelques indications sur la manière dont le mystère de la Nativité est célébré progressivement dans les offices. Mais ces indications peuvent être un peu techniques.
Progressivement le mystère de la Nativité se rend présent dans les offices dès le 21 novembre. Par exemple les catavasies (c'est-à-dire l'hymne finale d'une ode des Matines) du 21 novembre, puis à la fois les irmoi (la première hymne d'une ode des Matines) et les catavasies du 22 novembre, du 30 novembre, du 6 et du 10 décembre et deux deux dimanches précédant Noël sont déjà celles des Matines de la Nativité : « Le Christ naît, glorifiez-le, * le Christ descend des cieux, allez à sa rencontre... »
À partir du 20 décembre, commence l'avant-fête de la Nativité : l'ensemble des offices annoncent Nativité. (Les hymnes de l'Octoèque sont remplacées par celles du Ménée: cela signifie que les parties mobiles des offices sont tous reliés à la fête et au saint du jour.)
Les deux dimanches qui précèdent la Nativité célèbrent la préparation et l'attente de la venue du Messie : le premier célèbre les saints Ancêtres du Seigneur, le second (appelé Dimanche des Pères ou de la Généalogie) célèbre tous les Justes depuis Adam jusqu'à Joseph, le fiancé de Marie.
Le 24 décembre, jour de jeûne strict (paramonie de la Nativité), on célèbre les Grandes Heures (aussi appelées Heures royales) où sont lus tous les passages de l'Évangile liés à la Nativité. À chaque Heure est lu un passage des prophéties, de l'Apôtre et de l'Évangile. Les psaumes de ces Heures ne sont pas les psaumes habituels, mais des psaumes adaptés à la fête.
Dans les monastères, les Vêpres solennelles le 24 décembre sont suivies de la Liturgie de saint Basile le Grand. Et le jour de Noël, c'est la Liturgie de saint Jean Chrysostome qui est célébrée. (Sauf si la paramonie tombe un samedi ou un dimanche : dans ce cas, le jeûne est anticipé le vendredi, et la Liturgie de saint Jean Chrysostome est célébrée lors de la paramonie le matin et celle de saint Basile le jour même de la fête.)
Noël est aussi appelé la "Pâques d'hiver". La journée du lendemain est dédiée à la Mère de Dieu. Le dimanche suivant, on fête saint Joseph, le fiancé de Marie, David, l'ancêtre du Seigneur et l'apôtre Jacques, le frère du Seigneur. Le 27 décembre est commémoré le premier martyr, le diacre Étienne, et le 29 décembre les saints Innocents (les jeunes enfants massacrés par Hérode après le départ des Mages).
La fête de Noël se clôture le 31 décembre (jusqu'au 31 décembre, les offices combinent des éléments de la fête avec ceux du saint du jour et le jour de la clôture l'office de la fête est repris, de sorte que la fête dure 7 jours). Le 1er janvier est fêtée la Circoncision du Seigneur (8 jours après sa naissance) et la mémoire de saint Basile le Grand.
Tout le temps entre le jour de Noël et la veille de la Théophanie est festif : il n'y a aucun jeûne ni abstinence, même le mercredi et le vendredi. La veille de la Théophanie (c'est-à-dire le 5 janvier, la Théophanie célèbre le 6 janvier le baptême du Christ) est par contre un jour de jeûne.