Synaxaire du samedi de Lazare
Ce samedi avant les Rameaux, nous célébrons la résurrection, le quatrième jour, du saint et juste Lazare, l’ami du Christ.
« Comme tout être humain, Jésus, Tu pleures et Tu frémis ;
en ton pouvoir divin, Tu ressuscites Ton ami. »
Alors que notre Seigneur Jésus Christ séjournait sur terre pour le salut du genre humain, Lazare devint Son ami, ainsi que ses deux sœurs, Marthe et Marie. Son ami Lazare, atteint d’une grave maladie, mourut alors que Jésus séjournait au-delà du Jourdain. Jésus était loin, mais il dit à Ses Disciples : « Lazare repose » et, après un léger intervalle, Il ajouta : « Lazare est mort ».
Quittant le Jourdain, Il vint donc à Béthanie, comme ses soeurs L’en avaient prié. Béthanie se trouve à cinq stades de Jérusalem. Venant à Sa rencontre, les sœurs de Lazare Lui dirent : « Seigneur, si Tu avais été là, notre frère ne serait pas mort. Maintenant, si Tu le veux, ressuscite-le, car Tu le peux. » Jésus demanda à la foule : « Où l’avez-vous mis ? » Et aussitôt on Le conduisit au sépulcre. Conme on ôtait la pierre, Marthe lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour. » Alors Jésus pria, versa des larmes sur lui, puis Il dit d’une voix forte : « Lazare, viens ici ! » Et aussitôt le mort sortit : on le délia, et il se retira dans sa maison. Ce merveilleux prodige provoqua de l’envie chez ceux des Juifs qui enrageaient contre le Christ. Et de nouveau Jésus dut prendre la fuite. Les grands prêtres songèrent même à tuer Lazare, parce que beaucoup, en le voyant, se joignaient au Christ. Ayant eu vent de leurs projets, Lazare se hâta de gagner l’île de Chypre pour y séjourner. Plus tard il fut institué par les Apôtres Evêque de Citium. Là, il passa, dans le bonheur et l’amitié divine, trente ans de sa nouvelle vie, puis il mourut à nouveau. Il y fut enterré, accomplissant de nombreux Miracles.
Péricopes de ce samedi
Lecture de l’épître de saint Paul aux Hébreux (XII, 28 – XIII, 8) :
Frères, puisque nous recevons en héritage un royaume inébranlable, conservons cette grâce et par elle rendons à Dieu un culte agréable, avec crainte et respect, car « notre Dieu est un feu dévorant ». Persévérez dans l’amour fraternel, et n’oubliez pas l’hospitalité : c’est par elle que certains, à leur insu, ont hébergé des anges. Souvenez-vous des captifs, comme si vous étiez enchaînés avec eux, et de ceux que l’on maltraite, en pensant que vous aussi, vous avez un corps. Que le mariage soit honoré de tous et que sans souillure demeure le lit nuptial, car Dieu jugera fornicateurs et adultères. Chassez l’avarice de votre vie et contentez-vous de ce que vous avez, car Dieu lui-même a dit : « Je ne te laisserai ni ne t’abandonnerai » ; de sorte que nous puissions dire avec confiance : « Le Seigneur est mon secours, je ne craindrai pas ce qu’un homme peut me faire. » Souvenez-vous de vos chefs, qui vous ont fait entendre la parole de Dieu ; et, considérant l’issue de leur carrière, imitez leur foi. Jésus Christ est le même hier et aujourd’hui, il le sera à jamais.
Lecture de l’Évangile selon saint Jean (Jn XI, 1-45) :
En ce temps-là, Il y avait un homme malade, Lazare, de Béthanie, village de Marie et de Marthe, sa soeur. C’était cette Marie qui oignit de parfum le Seigneur et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux, et c’était son frère Lazare qui était malade. Les soeurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade. » Après avoir entendu cela, Jésus dit : « Cette maladie n’est point à la mort ; mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle. » Or, Jésus aimait Marthe, et sa soeur, et Lazare. Lors donc qu’il eut appris que Lazare était malade, il resta deux jours encore dans le lieu où il était, et il dit ensuite aux disciples : « Retournons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, les Juifs tout récemment cherchaient à te lapider, et tu retournes en Judée ! » Jésus répondit : « N’y a-t-il pas douze heures au jour ? Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne bronche point, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais, si quelqu’un marche pendant la nuit, il bronche, parce que la lumière n’est pas en lui. » Après ces paroles, il leur dit : « Lazare, notre ami, dort; mais je vais le réveiller. » Les disciples lui dirent : « Seigneur, s’il dort, il sera guéri. » Jésus avait parlé de sa mort, mais ils crurent qu’il parlait de l’assoupissement du sommeil. Alors Jésus leur dit ouvertement : « Lazare est mort. Et, à cause de vous, afin que vous croyiez, je me réjouis de ce que je n’étais pas là. Mais allons vers lui. » Sur quoi Thomas, appelé Didyme, dit aux autres disciples : « Allons aussi, afin de mourir avec lui. »
Jésus, étant arrivé, trouva que Lazare était déjà depuis quatre jours dans le sépulcre. Et, comme Béthanie était près de Jérusalem, à quinze stades environ, beaucoup de Juifs étaient venus vers Marthe et Marie, pour les consoler de la mort de leur frère. Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie se tenait assise à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais, maintenant même, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera.» Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. – Je sais, lui répondit Marthe, qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour.» Jésus lui dit : « Je suis la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle lui dit : « Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir dans le monde. » Ayant ainsi parlé, elle s’en alla. Puis elle appela secrètement Marie, sa soeur, et lui dit : « Le maître est ici, et il te demande. » Dès que Marie eut entendu, elle se leva promptement, et alla vers lui. Car Jésus n’était pas encore entré dans le village, mais il était dans le lieu où Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient avec Marie dans la maison et qui la consolaient, l’ayant vue se lever promptement et sortir, la suivirent, disant : « Elle va au sépulcre, pour y pleurer. » Lorsque Marie fut arrivée là où était Jésus, et qu’elle le vit, elle tomba à ses pieds, et lui dit : « Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort.» Jésus, la voyant pleurer, elle et les Juifs qui étaient venus avec elle, frémit en son esprit, et fut tout ému. Et il dit : « Où l’avez-vous mis ? – Seigneur, lui répondirent-ils, viens et vois. » Jésus pleura. Sur quoi les Juifs dirent : « Voyez comme il l’aimait. » Et quelques-uns d’entre eux dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas faire aussi que cet homme ne mourût point ? » Jésus frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au sépulcre. C’était une grotte, et une pierre était placée devant. Jésus dit : « Ôtez la pierre. » Marthe, la soeur du mort, lui dit : « Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu’il est là. » Jésus lui dit : « Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? » Ils ôtèrent donc la pierre. Et Jésus leva les yeux en haut, et dit : « Père, je te rends grâces de ce que tu m’as exaucé. Pour moi, je savais que tu m’exauces toujours ; mais j’ai parlé à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » Ayant dit cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, sors !» Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d’un linge. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. » Plusieurs des Juifs qui étaient venus vers Marie, et qui virent ce que fit Jésus, crurent en lui.
Paroles des Pères
Commentaire de saint Grégoire Palamas :
Le miracle de la résurrection de Lazare a ouvertement manifesté que Celui qui l’a opéré est Dieu. Or, tandis que le peuple fut convaincu et eut foi en Lui, les dirigeants de l’époque, c’est-à-dire les scribes et les pharisiens, étaient si éloignés de la foi qu’ils rageaient encore plus contre Lui, et décidèrent, dans leur folie, de Le livrer à mort, bien que tout ce qu’Il faisait et disait manifestait clairement qu’Il est le Seigneur de la vie et de la mort. […]
Afin qu’ils sachent qu’Il est Dieu et qu’Il vient du Père, et qu’Il n’a pas fait de miracles en opposition à Dieu, mais conformément à Son dessein, Il a levé les yeux vers Dieu devant tout le monde et Lui a parlé en des termes qui montrent clairement que Celui qui parlait sur la terre était égal au Père céleste d’en haut. […] Quand l’homme devait être créé, le Père a dit au Fils : « Faisons l’homme » (Gn 1, 26), le Fils a écouté le Père et l’homme fut créé. Maintenant, au contraire, le Père a écouté le Fils parler, et Lazare a été ramené à la vie.
Remarquez que le Père et le Fils sont égaux en honneur et ont la même volonté. Les mots ont la forme d’une prière pour le bien de la foule, mais ce ne sont pas des mots de prière mais d’autorité absolue : «Lazare, sors» (Jean 11:43). Et aussitôt l’homme qui était mort depuis quatre jours se tenait devant Lui vivant. Est-ce que cela est arrivé par le commandement du Donateur de vie ou par sa prière ? Il cria d’une voix forte, toujours à cause de la foule qui l’entourait, car Il aurait pu le ressusciter sans crier, et même par sa seule volonté. De la même manière, Il aurait pu le faire de loin et sans ôter la pierre du tombeau. Mais au lieu de cela, Il est venu dans la tombe et Il a parlé aux personnes présentes, qui ont ôté la pierre et senti la puanteur. Puis Il a crié d’une voix forte. Il l’a ressuscité de cette manière afin que, par leur vue (car ils Le voyaient debout sur la tombe), leur odorat (car ils étaient conscients de la puanteur de l’homme mort depuis quatre jours), leur sens du toucher (car ils ont utilisé leurs propres mains pour ôter la pierre à de la tombe, et ensuite pour détacher les bandes funéraires de son corps et le linge sur son visage), et leur audition (car la voix du Seigneur a atteint l’oreille de tous), tous puissent comprendre et croire que c’est Lui Qui a tout appelé du non-être à l’être, Qui a soutenu toutes choses par la parole de Sa puissance et Qui, par Sa seule parole, a fait au commencement tout ce qui existe à partir du néant.
Les gens simples Le croyaient et ne gardaient pas leur foi silencieuse, mais ils ont commencé à prêcher sa divinité par des actes et des paroles.
– Saint Grégoire Palamas, Homélies, 15 ; PG 151, 184-195.
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Commentaire de saint Jean Chrysostome :
Lazare est mort : Jésus n’était pas là, il était en Galilée. Il dit à ses disciples : «Notre ami Lazare dort.» (Jn II, 11.) Ceux-ci, croyant qu’il parlait d’un sommeil ordinaire, répondirent : «Seigneur, s’il dort, il sera guéri.» Jésus leur dit ouvertement : «Lazare est mort.»
Le Sauveur vient ensuite à Jérusalem, où était Lazare. La sœur de Lazare court à sa rencontre et lui dit : «Si Tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.» — Si Tu avais été ici... Tu es faible, ô femme ! Elle ne sait pas que Jésus-Christ absent de corps est présent par la puissance de la divinité ; elle mesure le pouvoir du divin Maître à la présence matérielle.
Marthe lui dit : «Seigneur, si Tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ; et maintenant je sais que tout ce que Tu demanderas à Dieu, il Te l’accordera. » C’est donc pour répondre au désir de Marthe que le Sauveur prie. Dieu n’a pas besoin de prières pour ressusciter un mort. N’a-t-Il pas opéré d’autres résurrections ? Quand Il rencontra à la porte de la ville un mort qu’on portait en terre, il ne fit que toucher le cercueil et le mort se leva. (Luc, VII, 14.) Eut-Il besoin de prière pour le ressusciter? Dans une autre circonstance, Il ne dit qu’un mot à la jeune fille : « Talitha, koumi » (Marc V, 41), et Il la rendit vivante à ses parents. A-t-Il eu besoin de prier?
Pourquoi parler du Maître ? Les disciples d’un mot ressuscitent les morts. Une parole de Pierre n’a-t-elle pas rendu Tabitha à la vie? Les vêtements de saint Paul n’ont-ils pas opéré de nombreux prodiges? Voici quelque chose de plus admirable encore. L’ombre des apôtres ressuscite les morts. On apportait les malades dans des lits, afin que l’ombre de Pierre couvrît quelqu’un d’eux, et aussitôt ils étaient guéris (Act. V, 15). Quoi donc? L’ombre des disciples ressuscite les morts, et le Maître, pour ressusciter Lazare, aurait besoin de prier?
Le Sauveur prie à cause de la faiblesse de Marthe. Elle lui dit : « Seigneur, si Tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ; maintenant je sais que tout ce que Tu demanderas à Dieu, il Te le donnera. » Vous voulez une prière, voici une prière…
La résurrection de Lazare ne fut pas l’œuvre de la prière. Pour vous en convaincre, écoutez-là cette prière : «Je Te rends grâces de ce que Tu m’as exaucé.» (Jean, XI, 41.) Quoi donc ? Est-ce là une prière, une supplication? «Je Te rends grâces de ce que Tu m’as exaucé. Pour moi, je sais bien que Tu m’exauces toujours.» Si Tu sais, Seigneur, que Tu es toujours exaucé par le Père, pourquoi L’importuner au sujet de choses que Tu connais? «Je sais bien, dit-Il, que mon Père m’exauce toujours, mais je dis cela pour le peuple qui m’environne, afin que tous sachent que Tu m’as envoyé.»
Prie-t-Il pour le mort? Fait-Il des supplications pour ressusciter Lazare? Il ne dit pas : «Mon Père, commande au mort d’obéir; mon Père, ordonne au tombeau de rendre le mort, de ne pas se fermer plus longtemps sur lui». Mais il dit plutôt : «je dis cela pour le peuple qui m’environne, afin que tous sachent que vous Tu m’as envoyé.» Ce qui se passe est moins un miracle qu’une instruction pour les spectateurs. La prière n’est donc pas pour le mort, mais pour les incrédules, afin qu’ils sachent que le Christ est envoyé par le Père.
– Saint Jean Chrysostome, Homélie sur la résurrection de Lazare.